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Guantanamo ouvrait ses portes il y a cinq ans

La pacifiste Cindy Sheehan milite pour la fermeture de la prison
La pacifiste Cindy Sheehan milite pour la fermeture de la prison
Les premiers prisonniers de la "guerre contre le terrorisme" sont arrivés à Guantanamo, sur l'île de Cuba, il y a cinq ans, le 11 janvier 2002. Depuis lors, le camp a brisé des centaines de vies et englouti la réputation des Etats-Unis.

Ce cinquième anniversaire "est un triste jour pour nous en
Amérique", explique Wells Dixon, un avocat du Centre pour les
droits constitutionnels, qui coordonne la défense des détenus:
"Après cinq ans, Guantanamo est un échec complet, un échec
absolu".

Protestations

De nombreuses associations de défense des droits de l'Homme ont
organisé des rassemblements cette semaine, et une délégation de
militants a prévu de manifester à Cuba, de l'autre côté des
grillages qui délimitent l'enclave américaine (lire
ci-contre
).



Le gouvernement avait établi la prison dans cette zone hybride
afin de pouvoir interroger les détenus loin des regards, mais
l'armée a depuis reconnu que la plupart d'entre eux n'avaient pas
une grande valeur en termes de renseignement, et que beaucoup
n'étaient pas les tueurs sanguinaires annoncés.

Encore 395 détenus

"Les détenus
souffrent de l'amertume du désespoir, de l'humiliation de la
détention. Jusqu'à quand cette tragédie va-t-elle continuer ?"

Jumah al-Dossari, un détenu originaire du
Bahreïn,

Sur les plus de 700 détenus passés
par Guantanamo, originaires d'une quarantaine de pays, environ 380
ont été rapatriés et le plus souvent libérés sans inculpation.
Analysant l'année dernière des documents de l'armée, des juristes
avaient conclu que seuls 8% des détenus étaient considérés comme
des combattants d'Al-Qaïda et que la plupart avaient été livrés par
des chasseurs de primes.



Il reste aujourd'hui 395 prisonniers sur la base. Le gouvernement
veut traduire 60 à 80 d'entre eux devant un tribunal militaire
d'exception et rapatrier 86 autres. Il se réserve le droit de
garder indéfiniment les 230 restants, sans même les inculper, tout
en assurant vouloir fermer la prison dès que possible.

Conditions de vie cauchemardesques

Alors que les images des premières cages à ciel ouvert ont fait
le tour du monde, les détenus ont rapidement été transférés dans
des cellules grillagées sous un toit en dur. En décembre 2006,
l'armée a ouvert une prison moderne, construite sur le modèle des
quartiers de haute sécurité.



Maintenus presque en permanence dans des cellules minuscules,
soumis depuis 5 ans à une incertitude totale sur leur sort, les
prisonniers ont aussi subi pendant les premières années des
interrogatoires cauchemardesques. Selon des documents de l'armée et
du FBI, des détenus ont été placés à l'isolement absolu pendant des
mois, interrogés 20 heures par jour pendant plusieurs semaines,
humiliés, frappés...

Des suicides

Après d'innombrables mouvements de grève de la faim, à chaque
fois brisés par une technique d'alimentation forcée douloureuse et
humiliante, après des dizaines de tentatives de suicide, trois
détenus ont été retrouvés pendus dans leur cellule en juin.



"Ils sont rusés, créatifs, résolus. Ils n'ont aucune considération
pour la vie, que ce soit la nôtre ou la leur, et je crois qu'il ne
s'agit pas d'un acte de désespoir, mais d'un acte de guerre", avait
alors commenté le contre-amiral Harry Harris, commandant de la base
navale. Sans convaincre la communauté internationale.



afp/hof

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Manifestations de protestation

Plusieurs organisations de défense des droits de l'homme aux Etats-Unis organisent jeudi des manifestations à travers le pays pour réclamer la fermeture du centre de détention de Gantanamo.

Ces rassemblements, à l'instigation notamment d'Amnesty International et du Centre pour les droits constitutionnels, interviendront à l'occasion du cinquième anniversaire de l'ouverture du camp de détention.

A Washington, quelque 200 personnes marcheront enchaînées vers la Cour Suprême et le tribunal fédéral, vêtues de combinaisons oranges et de cagoules noires comme en portent les prisonniers de Guantanamo. L'organisation catholique Témoins contre la torture (Witness Against Torture) participe notamment aux rassemblements prévus jeudi.

Des rassemblements sont également prévus en Grande-Bretagne, en Australie et en Hongrie ainsi qu'à travers les Etats-Unis comme à New York, Washington et d'autres villes.

Une délégation comprenant la pacifiste américaine Cindy Sheehan, qui a perdu son fils en Irak, ainsi qu'un ancien détenu et des familles d'actuels détenus, se rendra à Guantanamo pour marcher de l'autre côté de la grille du camp de détention.

Appels à la fermeture

Du pape à l'ONU, les appels à la fermeture de Guantanamo sont incessants, et le plus proche allié de George W.Bush, le Premier ministre britannique Tony Blair, répète que la prison est "une anomalie".

Sur la scène nationale, les juges ont peu à peu fragilisé l'édifice juridique établi par la Maison Blanche. Mais le Congrès a rétabli à l'automne la majeure partie de ce que la Cour suprême avait invalidé, et la bataille judiciaire est relancée.