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Brasilia et ses vastes avenues aérées à nouveau aussi vides qu'il y a 60 ans

Brasilia et sa cathédrale emblématique à la tombée de la nuit. [AFP - Sergio Lima]
Brasilia et ses vastes avenues aérées à nouveau aussi vides qu'il y a 60 ans / Le Journal horaire / 39 sec. / le 21 avril 2020
Baptisée "capitale de l'espoir" par André Malraux, Brasilia célèbre ses 60 ans mardi mais ses habitants n'ont pas le coeur à la fête. Les grandes avenues sont vides et les chefs d'oeuvre architecturaux sont désertés en raison de la crise du coronavirus.

Les autorités locales avaient prévu de nombreuses festivités, entre concerts en plein air, expositions et une messe dans l'iconique cathédrale futuriste conçue par le célèbre architecte brésilien Oscar Niemeyer, mais tout a été reporté.

Les habitants confinés sont appelés à chanter "Joyeux anniversaire" depuis leurs fenêtres et une vidéo va rassembler des témoignages de personnalités liées à l'histoire de la capitale du Brésil, inaugurée en grande pompe le 21 avril 1960.

Les longues avenues qui conduisent àl'Esplanade des Ministères (au fond), le 23.04.2020. [AFP - Sergio Lima]
Les longues avenues qui conduisent àl'Esplanade des Ministères (au fond), le 23.04.2020. [AFP - Sergio Lima]

"Une autre planète", hier comme aujourd'hui

Youri Gagarine avec le président brésilien Jânio da Silva Quadros lors de sa visite à Brasilia en 1960. [CC-BY-SA - Arquivo Nacional]
Youri Gagarine avec le président brésilien Jânio da Silva Quadros lors de sa visite à Brasilia en 1960. [CC-BY-SA - Arquivo Nacional]

Quand il a visité la ville en 1961, le cosmonaute Iouri Gagarine a dit qu'il avait l'impression de "débarquer sur une autre planète". Le héros soviétique était impressionné par ce projet pharaonique créé ex nihilo en moins de quatre ans, avec son plan en forme d'avion et ses édifices aux courbes emblématiques de Niemeyer.

Mais cela fait plusieurs semaines que les habitants de Brasilia eux-mêmes ont l'impression d'être sur une autre planète, dans une ville aux rues pratiquement vides.

Le 12 mars dernier, le gouverneur du District Fédéral, Ibaneis Rocha, a été le premier au Brésil à mettre en place des mesures de distanciation sociale, ordonnant notamment l'interdiction des rassemblements et la fermeture des écoles et de la plupart des commerces

   

Le pied de nez du président Bolsonaro

Sa décision a fortement déplu à Jair Bolsonaro, loin d'être confiné dans son Palais présidentiel du Planalto, sur la Place des Trois pouvoirs, au coeur de Brasilia.

Le chef de l'Etat a minimisé à maintes reprises le virus, une "petite grippe" selon lui, tout en critiquant le fait que de nombreux gouverneurs d'autres Etats prenaient à leur tour des mesures de confinement plus ou moins strictes.

Le président d'extrême droite a provoqué plusieurs fois des attroupements en sortant dans la rue pour rencontrer la population, notamment dans les villes-satellites, cités dortoirs où vivent les habitants les plus pauvres qui travaillent dans la capitale.

Lors de la présidentielle de 2018, Jair Bolsonaro a obtenu 70% des voix du District Fédéral, l'Etat brésilien aux plus hauts revenus par habitant.

Les bâtiments des autorités et la cathédrale photographiés le 19.04.1960. [Reuters - Gregg Newton]
Les bâtiments des autorités et la cathédrale photographiés le 19.04.1960. [Reuters - Gregg Newton]

Des habitants respectueux du confinement

Message de prévention dans une rue déserte de Brasilia, 07.04.2020. [Reuters - Ueslei Marcelino]
Message de prévention dans une rue déserte de Brasilia, 07.04.2020. [Reuters - Ueslei Marcelino]

Mais ses diatribes anti-confinement n'ont pas eu d'effet à Brasilia, où les trois millions d'habitants sont ceux qui suivent le mieux les règles de distanciation sociale, selon la presse brésilienne.

"Ici, nous avons beaucoup de fonctionnaires qui peuvent faire du télétravail, donc le confinement est bien respecté", explique Eliana Bicudo, de la Société brésilienne d'infectiologie. "Mais dans les villes-satellites, où il y a plus de travailleurs dans le secteur des services, ce sera forcément plus compliqué", ajoute-t-elle.

Quatre ans après l'inauguration de sa nouvelle capitale, qui a plombé ses finances pour plusieurs années, le Brésil connaissait un coup d'Etat, instaurant une dictature militaire jusqu'en 1985.

afp/oang

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