Dans cette crise du coronavirus, le Portugal se démarque du côté de son système de santé. Malgré des services publics affaiblis par plus d'une décennie de politiques d'austérité, la situation dans les hôpitaux est pour l’instant sous contrôle. Le personnel soignant est équipé et organisé pour freiner la contagion.
"Nous voyons des résultats encourageants dans la façon dont nous avons géré la pandémie [...] et nous ne voulons pas perdre ces acquis", a résumé cette semaine la ministre de la Santé Marta Temido, en prônant la prudence.
Le Portugal a détecté son premier cas début mars, plus d'un mois après l'Espagne. Le gouvernement socialiste, devançant l'avis des experts en santé publique, a alors décidé de fermer les écoles, de verrouiller sa frontière avec l'Espagne et de déclarer l'état d'urgence pour encadrer le confinement de la population.
Rapidité salvatrice dans un pays rongé par l'austérité
Sans ces mesures, pourtant moins strictes que celles imposées aux Espagnols, "le service national de santé serait entré en rupture, nous aurions eu beaucoup plus de personnes infectées et beaucoup plus de morts", a reconnu mercredi le Premier ministre Antonio Costa.
Alors que le Portugal figurait avant la crise sanitaire parmi les pays d'Europe avec le plus faible nombre de lits en unités de soins intensifs par habitant, le nombre de patients en état critique a commencé de baisser avant d'atteindre la limite de ses capacités.
Le bilan total officiel de l'épidémie au Portugal avoisinait samedi les 20'000 cas pour un peu moins de 700 décès, soit dix fois moins de cas que l'Espagne, largement plus peuplée, et plus de vingt fois moins de décès que son voisin.
"Le laps de temps écoulé entre les premiers cas en Espagne et au Portugal nous a permis de limiter la propagation du foyer de façon beaucoup plus efficace", se félicite le docteur Joao Ribeiro, directeur du service de médecine intensive du plus grand hôpital du pays.
A l'hôpital Santa Maria de Lisbonne, "la situation reste contrôlée et nos capacités sont suffisantes", a-t-il assuré.
Civisme et solidarité
Dans les rues désertes de Lisbonne, les associations continuent à aider les plus précaires, tels que les migrants et migrantes sans papiers.
Le gouvernement portugais a d'ailleurs pris la décision, inédite en Europe, de leur accorder des permis de séjour pour leur permettre de se soigner.
Même si cette mesure est provisoire, elle est saluée par la présidente de l'association "Mundo Feliz", Cecilia Minascurta: "Cela leur permet d’avoir un numéro de sécurité sociale, d’avoir accès aux centres de santé, d’ouvrir un compte en banque" ou encore "de décrocher un contrat de travail".
Par ailleurs, contrairement à son homologue espagnol Pedro Sanchez, le Premier ministre portugais Antonio Costa a pu compter jusqu'ici sur le soutien du chef de l'opposition de droite, qui a appelé ses partisans à ne pas critiquer le gouvernement au nom du "patriotisme".
L'été sous surveillance
Dans une interview accordée au journal Expresso, Antonio Costa a déclaré qu'il comptait assouplir les mesures de restrictions dans les écoles, les magasins, les restaurants et les espaces culturels à partir de mai.
Mais un tel plan, qui devrait être annoncé le 30 avril, nécessitera de nouvelles règles pour assurer la sécurité des personnes, a-t-il averti. Les autorités pourraient rendre obligatoire le port des masques dans les transports publics et imposer des restrictions sur les plages au cours de l'été. Le plan pourrait notamment limiter le nombre de personnes autorisées sur les plages du pays, qui sont généralement bondées en été.
Le Portugal a déclaré l'état d'urgence pour arrêter la propagation du coronavirus le 18 mars et l'a prolongé jeudi jusqu'au 2 mai.
jop avec agences