Le ministre allemand de la Santé Jens Spahn peut se réjouir, son pays fait figure d'exemple dans sa réaction face à la pandémie de coronavirus. "Nous pouvons maintenant le dire, nous avons réussi", clame-t-il. "Nous sommes passés d'une croissance dynamique à une croissance linéaire et les taux d'infection ont diminué de manière significative, principalement le nombre de nouveaux cas quotidiens."
L'Allemagne était mieux préparée dès le mois de février. La rapidité avec laquelle elle a réagi et le nombre de tests du Covid-19 réalisés dans le pays ont été déterminants. "On a compris qu'il fallait profiter du temps pour se préparer, car les images venant de Bergame (en Italie) nous ont tous beaucoup effrayés", explique Gernot Marx, directeur du département des soins intensifs de l'hôpital universitaire d'Aix-la-Chapelle.
Ainsi, au moment où l'Allemagne a enregistré son premier cas de Covid-19 en février, les laboratoires du pays avaient constitué un stock de kits de tests. Depuis, environ 1,7 million de tests ont été réalisés au total, environ 350'000 par semaine.
Les tests massifs, mesure prépondérante
Selon le virologue en chef de l'hôpital Charité de Berlin Christian Drosten, "la raison pour laquelle nous avons en Allemagne si peu de décès en ce moment par rapport au nombre de personnes infectées peut être largement expliquée par le fait que nous ayons fait un très grand nombre de diagnostics de laboratoire".
En outre, le système de santé allemand, les hôpitaux et les médecins de ville se sont rapidement adaptés à l'afflux. Ils n'ont jamais été proches de la saturation. Aujourd'hui, au moins 11'000 places en réanimation sont encore libres dans le pays sur 40'000 au total, alors que certains pays, comme l'Italie ou la France, en manquent.
Toutefois, l'âge moyen des personnes infectées en Allemagne peut également avoir joué un rôle: un grand nombre des premiers patients ont attrapé le virus dans des stations de ski autrichiennes et italiennes, et étaient donc relativement jeunes et en bonne santé.
Pas d'excès de confiance
Vendredi, Berlin a déclaré que l'épidémie était "sous contrôle et gérable", alors que le taux d'infection, l'indice très attentivement scruté qui mesure le nombre de personnes en moyenne contaminées par chaque malade du Covid-19, était estimé à 0,7. Tout l'enjeu désormais concerne le maintien de ce taux.
La situation reste fragile, et la prudence est de mise. Les responsables allemands se refusent à tout excès de confiance. Le "retour à la normale" n’est d'ailleurs même plus évoqué, et tous les membres du gouvernement parlent désormais de "nouvelle normalité", sans que ses contours et sa durée soient précisément définis.
L'épidémie a contaminé près de 140'000 personnes et causé 4294 décès en Allemagne, selon les données publiées dimanche par l'Institut Robert Koch.
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Delphine Gianora/jop