Les infirmières et le médecin d'origine palestinienne, qui vient
d'obtenir la nationalité bulgare, n'étaient pas présents à
l'audience à Tripoli, selon des correspondants de l'AFP autorisés à
entrer quelques secondes dans la salle.
Dernier recours
Les journalistes couvrant le procès étaient installés dans une
salle attenante à celle du tribunal et suivaient l'audience à la
télévision mais celle-ci ne montrait que les quatre juges. Devant
le tribunal, des membres de familles de victimes manifestaient en
montrant des photos des enfants contaminés ou morts.
Il s'agit du dernier recours pour les six Bulgares emprisonnés
depuis 1999 et accusés d'avoir délibérément inoculé le virus du
sida à 438 enfants de Benghazi (1000 km à l'est de Tripoli), dont
56 sont décédés. La cour rendra son verdict le 11 juillet.
Innocents
Les cinq infirmières bulgares étaient arrivées en Libye dans les
années 1990, après la fin du communisme, espérant mieux y gagner
leur vie qu'en Bulgarie. Quant au médecin, il effectuait un stage
dans un hôpital libyen au moment de son arrestation.
Tous s'affirment innocents et sont appuyés par les témoignages
d'experts internationaux, dont le codécouvreur du virus du sida,
Luc Montagnier. Cependant leur sort est surtout tributaire des
tractations euro-libyennes en cours en vue du paiement de
compensations financières aux familles des enfants contaminés, qui
ont progressé ces dernières semaines.
Peine de mort requise
Les avocats des familles des victimes ont réclamé à l'ouverture
du procès la confirmation de la peine de mort et le procureur a
comme attendu requis la même chose en ouverture d'audience.
L'avocat du médecin a de son côté demandé l'annulation du verdict
et dit que les "aveux" de son client avaient été extorqués sous la
torture.
Il a été relayé par les avocats des infirmières, qui ont demandé
la libération de leurs clientes après avoir présenté, dans un
rapport de 100 pages, des arguments disant qu'il n'y avait aucune
preuve directe ou indirecte de leur culpabilité. Selon un avocat
qui a requis l'anonymat, le verdict pourrait être mis en délibéré
dès mercredi.
afp/boi
Négociations avec l'UE
Ce procès s'est ouvert à la veille d'un sommet à Bruxelles de l'UE, dont des émissaires se sont rendus en Libye la semaine dernière.
Parallèlement au processus judiciaire, des négociations sont en effet en cours entre les familles des victimes, les autorités libyennes et des représentants de l'UE sur un accord portant sur des indemnisations.
En cas d'accord avec les familles, le "Conseil supérieur des instances judiciaires", la plus haute instance judiciaire en Libye, pourrait commuer la peine capitale en peine de prison.
Si elles sont condamnées et si la peine de mort est commuée en peine de prison, les infirmières pourraient purger leur sentence dans leur pays d'origine, la Libye et la Bulgarie étant liées par un accord d'extradition.
Emoi international
Cette affaire a suscité une mobilisation internationale, le président américain George W.Bush lui-même affirmant le 11 juin "soutenir fortement" la libération des condamnés, et a tendu les relations de Tripoli avec l'Union européenne.