Selon deux sondages sortie des urnes, entre 78% et 75% des
Roumains ont voté en faveur du maintien de Traian Basescu au
pouvoir. "Ces résultats montrent que les Roumains veulent un
renforcement de l'indépendance de la justice et un renouveau de la
classe politique", a déclaré Basescu aussitôt après la clôture du
scrutin.
"Ce vote m'oblige moi-même et oblige tous les politiciens à
travailler ensemble. Les Roumains veulent la justice et nous avons
l'obligation de leur donner ce qu'ils veulent. J'appelle le
Parlement à coopérer en tenant compte du vote d'aujourd'hui",
a-t-il ajouté.
Suspendu le 19 avril
Elu en décembre 2004, le président a été suspendu par le
Parlement le 19 avril dernier. Il était accusé d'"attitude
partisane et d'abandon de son rôle de médiateur politique", de
"contribution à la création d'une atmosphère d'instabilité
politique", "de refus injustifié de nommer des ministres proposés
par le Premier ministre".
Suivi avec attention depuis Bruxelles, ce référendum sur la
destitution présidentielle l'était également sur place par le corps
diplomatique étranger. Selon l'agence Mediafax, le bureau électoral
central de Bucarest a enregistré 55 accréditations d'observateurs
externes dont 36 provenant d'ambassades -parmi lesquels 28 pour les
Etats-Unis- ou de la représentation de la Commission européenne
dans la capitale.
Fin de l'intérim
Traian Basescu, auteur d'une campagne très active durant
laquelle sa cote de popularité n'a fait que grimper, avait déclaré
qu'en cas de retour aux commandes, il reprendrait la lutte contre
la corruption et les derniers vestiges du communisme tout en
poussant pour l'introduction du vote uninominal.
Ce vote traduit aussi la fin de l'intérim prolongé de Nicolae
Vacaroriu, 63 ans, ancien président du sénat, à la tête de l'Etat
durant le délai légal de trois mois devant mener à une élection
présidentielle anticipée.
En Roumanie, le pouvoir est presque également réparti entre le
président, le Premier ministre et le Parlement, qui représentent
tous aujourd'hui des forces politiques différentes et
idéologiquement opposées.
Agences/cab/boi
Lutte anticorruption poussive
Bucarest a rejoint en janvier l'Union européenne sur la foi de son engagement à poursuivre la lutte contre la corruption, mal endémique en Roumanie.
Or, sitôt l'adhésion effective, les efforts en ce sens ont marqué le pas et les principaux alliés de Basescu au sein du gouvernement, tels que la ministre de la Justice Monica Macovei - à la pointe de lutte anticorruption - et son collègue de l'Intérieur, Vasile Blaga, ont été limogés par le Premier ministre Calin Tariceanu.
Bruxelles s'apprête à remettre un rapport très critique en juin, selon des sources diplomatiques.
Basescu: un président engagé
Agé de 55 ans, le président roumain Traian Basescu, arrivé au pouvoir en décembre 2004, est un ancien capitaine de la marine marchande ayant fait de la lutte contre la corruption son principal cheval de bataille.
Alors que la réforme du système judiciaire figure parmi les domaines surveillés de près par Bruxelles, il a défendu pleinement l'ancienne ministre de la Justice Monica Macovei, devenue la bête noire d'une partie de la classe politique en raison de sa croisade contre la corruption.
Il n'a par ailleurs pas hésité à accuser ouvertement son Premier ministre, le libéral Calin Tariceanu, de s'être entouré d'"oligarques" et d'avoir "trahi" l'électorat en "fermant les yeux" sur des affaires douteuses.