Ville industrielle dans l'est de l'Allemagne, Iéna a rendu le masque obligatoire dans les commerces et les transports en commun - en plus des mesures de confinement et de distanciation sociale - dès le 6 avril. Et la mesure semble avoir permis de contenir la pandémie de coronavirus.
Depuis le début de la crise sanitaire, Iéna (100'000 habitants) a compté 155 personnes contaminées au Covid-19, dont deux tiers sont guéries. Autre fait marquant: aucun nouveau cas n'est à déplorer depuis le 9 avril. Un exemple encourageant qui sert de modèle au reste du pays.
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Une nouvelle habitude
"Nous pensons que les mesures très restrictives que nous avons mises en place très tôt ont été utiles. Tous les habitants qui revenaient de lieux à risque ont été mis en quarantaine et nous avons ensuite rendu le port du masque obligatoire", indique le maire libéral de la ville, Thomas Nitzsche, à la RTS.
Le masque à lui seul n’explique pas la stagnation de l’épidémie, mais il y contribue très certainement
Quant à la population de cette ville de 100'000 âmes, elle a l'air de s'être accoutumée à ce nouvel accessoire, parfois fait maison. Pour beaucoup, la motivation à porter un masque repose surtout sur le sentiment de sécurité qu'il procure, indiquent des témoins, sur place.
Dans les écoles aussi?
Pour limiter les risques liés à un retour progressif à la normale, Iéna a décidé d'élargir le port du masque aux lieux de travail et cela pourrait bientôt être le cas aussi dans les écoles.
L'heure est à la prudence en Allemagne où la chancelière Angela Merkel craint une seconde vague plus violente que la première (lire encadré). Avec une létalité inférieure à celle des pays voisins, le pays n'est en effet pas encore tiré d'affaire.
L'épidémie due au nouveau coronavirus a fait 110 morts de plus en 24 heures en Allemagne, indiquait lundi l'Institut Robert Koch pour les maladies infectieuses. Dans le même temps, 1018 cas ont été diagnostiqués, ce qui porte le bilan à 5750 décès et 155'193 infections.
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Reportage TV: Anne Mailliet, correspondante en Allemagne
Adaptation web: jgal
La contestation monte face à la stratégie d'Angela Merkel
La popularité de la chancelière allemande Angela Merkel, jugée en bout de course il y a encore quelques mois, est montée en flèche grâce à sa gestion ferme de la crise sanitaire liée au coronavirus. Mais l'unanimité face à cette stratégie est en train de se fissurer. La contestation se fait entendre au sein même de son parti démocrate-chrétien. Figure politique très écoutée, le président de la Chambre des députés Wolfgang Schäuble a mis en garde contre des restrictions prolongées des droits fondamentaux des citoyens.
Peu audible jusqu'ici, l'opposition se montre plus critique. Le président du parti libéral FDP Christian Lindner vient de décréter "la fin de la grande unité" nationale sur le coronavirus. Son mouvement s'inquiète de l'impact économique sur les PME et s'en prend aux restrictions de liberté individuelles imposées par les autorités. Il est rejoint en cela par divers mouvements ultras dont l'extrême droite AfD.
Samedi à Berlin, un millier de personnes proches de l'extrême gauche, mais aussi de la droite identitaire, se sont rassemblées pour appeler à la "résistance démocratique" face un Etat autoritaire sous prétexte de confinement. La police en a interpellé une centaine et une nouvelle manifestation est programmée pour le 1er mai.