Ce colloque, le premier du genre en France, organisé par
plusieurs universités, la Bibliothèque nationale de France et le
Conservatoire européen d'écriture audiovisuelle (CEEA), a débuté
mardi avec l'ambition de dé-construire la figure de l'espion
britannique en multipliant les angles d'attaque, historique,
esthétique, anthropologique, politique, psychanalytique...
"Phénomène culturel"
Quelque 200 millions de livres de ses aventures se sont vendus
dans le monde, selon Ian Fleming Publications, depuis "Casino
royale" en 1953, le premier des douze publiés par son créateur Ian
Fleming et suivis par une trentaine de romans et novélisations
adaptations de films - signés par quatre successeurs: Robert
Markham, Christopher Wood, John Gardner et Raymond Benson.
Mais ce sont les 21 films qui ont véritablement fait du héros un
"phénomène culturel mondialisé d'une longévité exceptionnelle".
Avec plus de 4 milliards de dollars de recettes cumulées depuis
1962, la saga est devenue le plus important succès de toute
l'histoire du cinéma.
Amoureux du luxe
Mais qui est donc James Bond ? La question court dans les
interventions. Un homme "sans foyer, sans histoire, sans relations
sociales, parents, ni relations amoureuses durables, un individu
solitaire qui rencontre ses partenaires dans des lieux de transit,
hôtels, casinos, bars", résument les spécialistes.
James Bond est en outre un redoutable "promoteur d'objets de
luxe", dont les marques - alcool, cigarettes, montres, voitures...
"contribuent à la production du film. Aussi la multiplication des
scènes d'action à grand spectacle et des effets spéciaux
draine-t-elle un public toujours jeune vers les salles, ce qui fait
de lui un "héros pour toutes les générations", relèvent les
spécialistes.
afp/tac
Au cinéma depuis 1959
Personnage hybride, "du roman il passe à la télévision dès 1954, à la BD en 1957 - dans les pages du Daily Express -, son adaptation au cinéma est mise en chantier dès 1959 et, à l'apparition des jeux vidéo, les licences James Bond sont parmi les premières, ce qui est un phénomène quasi unique".
Son univers est celui du monde scindé en deux par la Guerre froide, "peuplé de solitaires paranoïaques, dont l'ordre symbolique est constamment en danger". Une société "menacée d'extinction" si 007 "ne s'interpose pas pour faire échouer les desseins des méchants".
C'est aussi un espion qui aime les techniques les plus fantaisistes voire improbables, du crocodile-sous marin de poche d'"Octopussy" (1983) à l'Aston Martin invisible, en passant par la cartouche d'air comprimé anti-requin de "To live and let die" (1973).
Si l'univers de James Bond "se nourrit des inquiétudes du temps et de l'actualité", ces références réalistes s'estompent au fil d'un récit à la logique onirique, pour donner un "univers de fiction résolument exotique", qui est la clé du succès de 007.