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Des armes chimiques pourraient être utilisées dans les combats en Libye

Une vue de Tripoli, en Libye. [Keystone - Felipe Dana]
Des armes chimiques pourraient être utilisées dans les combats en Libye / La Matinale / 1 min. / le 29 avril 2020
Ni le mois de ramadan, ni la pandémie ne parviennent à calmer la guerre en Libye. Au contraire. Les combats ces derniers jours sont d’une rare violence. L’homme fort de l’est du pays – le maréchal Haftar - a proclamé lundi qu'il bénéficie d'un "mandat du peuple" pour gouverner seul la Libye. Le clan adverse l’accuse désormais d’utiliser des armes chimiques.

Accusé par ses détracteurs de vouloir instaurer une nouvelle dictature militaire en Libye, près d'une décennie après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, le maréchal Haftar, qui contrôle l'est mais aussi une partie du sud, a annoncé lundi soir le transfert du pouvoir à son autoproclamée armée, disant avoir "accepté la volonté du peuple et son mandat".

En réaction aux propos du haut-gradé, le Gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj a dénoncé une "farce et un nouveau coup d'Etat", "qui s'ajoute à une longue série".

Concernant les accusations d'utilisation d'armes chimiques, elles sont pour l'instant impossibles à vérifier, la guerre et la pandémie rendant tout enquête internationale illusoire. Mais la Libye devient "le terrain d'essai pour toutes sortes d’armes nouvelles et interdites", selon Stéphanie Williams, représentante spéciale des Nations unies pour la Libye.

"Une zone d'expérimentation extrêmement cynique"

"Depuis un an, il y a eu des milliers de frappes de drones, l'histoire humaine n'a jamais connu cela", dénonce Jalel Harchaoui, chercheur spécialiste de la Libye à l’Institut Clingendael aux Pays-Bas. "La guerre en Libye est décrite comme un conflit qui n’est pas très grave, pas très urgent et plutôt secondaire. Et finalement, on ouvre les yeux, et on se rend compte que c’est devenu une zone d’expérimentation extrêmement cynique."

Plusieurs puissances se font face: d’un côté la Russie et les Emirats arabes unis soutiennent le maréchal Haftar, de l’autre la Turquie appuie Tripoli. Ces Etats ont transformé le pays en une sorte de champs de démonstration des armes qu’ils produisent. Conséquence, la Libye croule sous les armes qui font de plus en plus de dégâts.

Si les gaz chimiques ne sont pas encore utilisés aujourd’hui, pour Jalel Harchaoui, il est tout à fait probable qu’ils le soient d’ici quelques mois. "Tous les 9 mois, on découvre qu’on est en train de vivre en Libye des horreurs qui étaient inimaginables 9 mois avant. On est clairement sur cette pente savonneuse."

Coronavirus oblige, les frontières sont verrouillées. Aucun observateur indépendant sur place ne peut témoigner et les parties au conflit ont les coudées franches, faisant comme premières victimes les Libyens, ainsi que les migrants qui sont aussi pris au piège.

Reportage radio: Maurine Mercier

Texte web: afp/vkiss

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Réactions internationales

Au fil des mois, les ingérences armées étrangères ont exacerbé le conflit libyen, avec les Emirats arabes unis et la Russie dans le camp Haftar, et de l'autre la Turquie et son aide croissante au GNA. Mardi, Moscou a toutefois pris ses distances avec la démarche du premier. "Nous n'approuvons pas la déclaration du maréchal Haftar selon laquelle il décidera unilatéralement de la façon dont le peuple libyen vivra", a réagi le chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov.

Washington et l'Union européenne ont aussi condamné, les Etats-Unis regrettant la "suggestion" de Khalifa Haftar, qualifiée de démarche "unilatérale". "Pour nous, l'accord politique libyen, les institutions qui en découlent, restent le seul cadre de gouvernement internationalement reconnu en Libye", a déclaré de son côté à New York le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric. Cette position s'inscrit dans "la ligne des résolutions de l'ONU" adoptées à propos de la Libye, a-t-il rappelé.