Selon le politologue Willy Lam, spécialiste de la Chine à l'Université chinoise de Hong Kong, c'est une démonstration de force à laquelle on assiste: "le message c'est que sous la direction de Xi Jinping, le pays a très bien maîtrisé l'épidémie, bien mieux que les Etats-Unis".
La grand-messe annuelle du Parlement chinois aurait dû se tenir début mars. Mais, au plus fort de la crise épidémique, elle avait été reportée, un fait sans précédent depuis plusieurs décennies. La session plénière de l'Assemblée nationale populaire (ANP) est censée afficher l'unité du pays, à grand renfort de drapeaux rouges et de votes à la quasi-unanimité.
Vers un retour à la normale ?
Réunir 3000 députés à Pékin paraissait jusque-là impensable alors que le pays était soumis à des mesures drastiques de confinement et qu'une grande partie des Chinois se calfeutraient chez eux par peur de la contagion.
A présent, la situation sanitaire "s'améliore progressivement" et "la vie économique et sociale reprennent progressivement leur cours normal", a assuré mercredi l'agence officielle Chine nouvelle, pour qui "les conditions sont réunies" désormais pour convoquer le Parlement.
Assouplissement des restrictions à Pékin
La mairie de Pékin a par ailleurs annoncé, à compter de jeudi, la levée de la quarantaine obligatoire de 14 jours à laquelle sont soumises toutes les personnes arrivant dans la capitale chinoise.
Cette mesure ne concerne toutefois pas certains voyageurs: ceux en provenance du Hubei (la province à l'épicentre de l'épidémie et dont Wuhan est le chef-lieu), ceux venant de zones de Chine encore considérées à haut risque, ou encore ceux arrivant de l'étranger.
Le nouveau coronavirus, détecté à la fin de l'an dernier dans le centre du pays, y a contaminé près de 83'000 personnes, dont 4633 mortellement, selon les chiffres officiels, avant de se répandre dans le monde entier.
Objectifs économiques à l'ordre du jour
La convocation du Parlement est "le signe que la Chine est de nouveau sur pied, et que la machine économique continue de vrombir", estime Willy Lam.
Selon lui, cette annonce vise également à rassurer les citoyens chinois après une forte contraction de l'économie au premier trimestre (-6,8%).
La session annuelle parlementaire donne lieu à certaines annonces rituelles, comme l'objectif de croissance économique à suivre pour l'année en cours.
Mais cette année, face aux nombreuses difficultés à venir –faillites en cascade, taux de chômage en hausse – des voix s’élèvent à l’interne pour abandonner le principe d’un objectif fixe afin de se concentrer purement sur la relance économique, un défi de taille pour le pouvoir.
afp/ther