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Un an après, où en est le populisme à travers l'Union européenne?

Le leader de la Lega, Matteo Salvini, photographié dans une rue de Rome le 6 avril. [NurPhoto via AFP - Christian Minelli]
Le leader de la Lega, Matteo Salvini, photographié dans une rue de Rome le 6 avril. - [NurPhoto via AFP - Christian Minelli]
Où en est l'Europe des populistes un an après l'opération EuropExpress, organisée par la RTS à l'occasion des élections européennes? Etat des lieux de l'Italie à la Pologne, par-delà les frontières fermées.

Le raz-de-marée redouté n'a pas eu lieu lors des élections européennes de 2019, où les partis dits populistes n'ont pas raflé le Parlement et où les Verts se sont imposés comme nouvelle force politique à travers le continent.

La Lega de Matteo Salvini, le Fidesz de Viktor Orban ou encore le Rassemblement national de Marine Le Pen n'en ont pas disparu du paysage pour autant, même s'ils se sont faits plutôt discrets au moment d'affronter la pandémie de Covid-19. Pour mieux revenir ensuite?

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Un an après l'opération spéciale de la RTS à travers l'Europe des populistes, qu'en est-il vraiment chez nos voisins italiens et autrichiens, en Slovaquie, en Hongrie et en Pologne? Plus que jamais, chaque pays mérite d'être considéré individuellement, alors que les frontières de l'espace Schengen resteront fermées pour encore au moins deux semaines et que l'Union européenne se dispute sur la question de la solidarité entre les Etats-membres.

Ce débat, et la lenteur avec laquelle Bruxelles a réagi alors que l'Italie, premier pays européen frappé par le coronavirus, s'enfonçait dans la crise sanitaire, laisseront à n'en pas douter des traces au sud des Alpes où le coeur des citoyens et citoyennes ne battait déjà plus beaucoup pour l'Union européenne après des années de crise économique.

Matteo Salvini en embuscade

Depuis l'été passé, Matteo Salvini a perdu le pouvoir, chassé par les urnes au profit du Parti démocrate. Mis à l'écart, le leader de la Lega a continué à arpenter les places italiennes, haranguant la foule selon la méthode qui reste la sienne, jusqu'à ce que la pandémie le prive d'accès à ces estrades sur lesquelles il excelle.

>> Lire : Matteo Salvini, la méthode du capitaine qui rêve de gouverner l’Italie

Depuis, le "capitaine", comme il est surnommé, vitupère sur les réseaux sociaux, disant tout et son contraire, avec au final assez peu d'écho dans un pays qui compte les morts par milliers. Mais depuis quelques jours, l'unité nationale s'effrite dans la péninsule et le climat politique s'embrase à nouveau. Le plan de déconfinement présenté le 26 avril par le gouvernement Conte a tenu lieu de détonateur.

Echelonné sur plusieurs semaines, il est jugé trop lent par l'opposition qui n'a pas tardé à s'engouffrer dans la brèche. Le parti d'extrême droite Fratelli di Italia a dégoupillé en premier, mardi, organisant une manifestation de protestation à Rome. Un jour plus tard, Matteo Salvini (Lega) occupait le Sénat, selon un procédé inédit raconté par La Stampa. Dans une vidéo postée sur Facebook, il se fait le porte-parole des bars et restaurants durement frappés par le confinement et qui ne savent pas - selon lui - comment ni dans quelles conditions ils pourront rouvrir.

Fragilisé par l'opposition - et jusqu'au sein de son propre parti, selon Courrier international - Giuseppe Conte aura fort à faire pour éviter qu'une crise politique ne vienne s'ajouter aux crises sanitaire, économique et sociale qui attendent l'Italie. Et dans un tel contexte, les arguments de Matteo Salvini, qui promeut une Italie fière et libre, ont bien des chances de faire mouche.

En Autriche, le FPÖ est "out"

S'il y en a un qui a su tirer son épingle du jeu au cours des derniers mois, c'est bien Sebastian Kurz. Après une crise politique sans précédent en Autriche, qui l'avait poussé à rompre l'alliance controversée avec le parti d'extrême droite FPÖ, le chancelier conservateur est de retour au pouvoir à la tête d'une nouvelle coalition, avec les Verts.

La population autrichienne a été la première d'Europe à prendre le chemin d'un déconfinement, non sans précautions. Quant aux vociférations du FPÖ, qui accuse Sebastian Kurz d'avoir promu un scénario catastrophe pour faire accepter le confinement, elles restent peu audibles dans un pays sous le charme de son chancelier.

>> Voir le sujet du 19h30 :

Déconfinement: comment s'organisent nos voisins ? Exermple avec l'Autriche.
Déconfinement: comment s'organisent nos voisins ? Exemple avec l'Autriche. / 19h30 / 2 min. / le 14 avril 2020

Les leaders du FPÖ, qui conservent tout de même une base électorale stable, ne s'avouent toutefois pas vaincus, à commencer par Christian Strache. Ce politicien au coeur de l'Ibizagate, l'affaire révélée par le Spiegel et qui a conduit à la chute du gouvernement autrichien l'an passé, vient en effet d'annoncer sa candidature à la mairie de Vienne.

Lutte anti-corruption en Slovaquie

Fin février, les Slovaques ont voté majoritairement pour le parti de centre droit, qui avait mis la lutte contre la corruption - attribuée aux populistes de gauche sortants - au coeur de sa campagne. Mais ces législatives ont aussi montré le morcellement du paysage politique et la montée significative du vote d'extrême droite.

>> Lire : Comment l'Europe a souri à la Slovaquie, nouvel eldorado automobile et a été condamné à 23 ans de prison début avril

L'enquête liée au meurtre du journaliste d'investigation Jan Kuciak et de sa compagne, en février 2018, a quant à elle confirmé l'ampleur de la zone d'influence dans les sphères judiciaire et politique de son commanditaire présumé, Marian Kcner, un homme d'affaires à la réputation sulfureuse à Bratislava. Si le tueur à gages, auteur de l'attaque,

, le sort réservé à ceux qui ont tiré les ficelles reste en suspens, car traité dans un procès séparé. Son issue donnera un signal fort sur l'état - et l'avenir - de la lutte anti-corruption en Slovaquie.

Tout-puissant Viktor Orban en Hongrie

A Budapest, Viktor Orban continue à régner en maître. Début avril, il a obtenu le feu vert du parlement hongrois pour légiférer par ordonnances dans le cadre d'un état d'urgence à durée indéterminée pour lutter contre le Covid-19. Le texte est vu en Hongrie et à l'étranger comme un instrument destiné à cimenter le contrôle du gouvernement national-conservateur.

Depuis son arrivée au pouvoir, en 2010, Viktor Orban n'en est pas à son premier coup de canif dans l'Etat de droit. Justice et liberté de la presse en ont notamment fait les frais ces dernières années. Mais peu de garde-fous parviennent à contenir ce trublion de l'Est qui embarrasse l'UE. "Nous gardons un oeil attentif sur la Hongrie. Nous sommes prêts à agir s'il le faut car il est nécessaire que cette riposte soit proportionnée et limitée dans le temps", a cependant assuré la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, interrogée quelques jours plus tard sur Europe 1. Il s'agira de voir en premier lieu si un retour "à la normale" après la pandémie.

>> Voir le sujet du 19h30 :

Certains défenseurs des droits humains pointent de possibles abus, voire des menaces sur la démocratie.
Certains défenseurs des droits humains pointent de possibles abus, voire des menaces sur la démocratie. / 19h30 / 2 min. / le 7 avril 2020

La Pologne maintient sa présidentielle

Les années passent et se ressemblent en Pologne où la propagande contre les LGBT se poursuit en cette année présidentielle. Car malgré la pandémie qui n'a toujours pas atteint son pic dans le pays et une campagne à l'arrêt, le parti de droite conservatrice au pouvoir, le PiS, refuse pour l'instant de reporter l'élection comme l'en appelle l'opposition.

>> Lire : Être femme célibataire ou homosexuel sont des péchés en Pologne

Plongé dans l'incertitude quant à la tenue du scrutin ou à la date d'un éventuel report, le pays doit donc prendre son mal en patience. La réponse ne tombera que trois jours avant la date butoir, le 7 mai, indique Le Monde. C'est ce jour-là que la loi modifiant le code électoral et introduisant le vote par correspondance généralisé reviendra du Sénat à la Diète, la Chambre basse du Parlement, pour un ultime vote.

Si le président sortant Andrzej Duda est donné vainqueur dès le premier tour dans les conditions actuelles, la situation risque d'être beaucoup plus complexe lorsque le gouvernement populiste sera confronté à la gestion des conséquences économiques et sociales de la crise. L'homme fort du pays Jaroslaw Kaczynski pourrait alors même perdre la majorité.

Juliette Galeazzi

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