Des files de voitures slalomant sur les voies de "drive-in" d'enseignes de fast-food, qui se sont remises le 27 avril à vendre des hamburgers et des frites: cette image est devenue, tout comme les queues devant les magasins de jardinage, l'une des images fortes du déconfinement en Suisse.
Comment comprendre cette ruée? Le burger-frites est-il devenu la madeleine de Proust de l'"avant-Covid-19", le symbole d'une normalité qu'on se languit de retrouver?
"Il ne faut jamais oublier que cela se passe dans des drive-in. On y va en voiture, c'est l'essence même de la liberté", souligne Didier Pourquery, journaliste et auteur de "Histoires du hamburger-frites" paru chez Robert Laffont.
"Comme un sein maternel"
"On prend cette liberté d'aller au drive-in, et on va se réconforter avec un hamburger, qui contient la plus forte récompense pour le cerveau: de la graisse et du sucre", explique le spécialiste. Et de détailler le burger dans ses aspects les plus symboliques: "Regardez comme on les mange: en les tenant à deux mains, comme le sein maternel... C'est tiède, c'est chaud, réconfortant..."
Pour Didier Pourquery, le fait de s'offrir une petite régression, ou un plaisir coupable, n'est pas non plus étranger à l'engouement pour sortir s'acheter un hamburger - à plus forte raison dans une période de tensions liées à la pandémie. Et ce d'autant plus que, selon des études, 70% des 300'000 Suisses qui se rendent quotidiennement au fast-food n'éprouvent pas vraiment de culpabilité à le faire, indique l'expert.
Propos recueillis par Thibaut Schaller
Adaptation web: Katharina Kubicek