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L'avenir du Kosovo au centre des discussions

Le président serbe Boris Tadic refuse le plan de l'ONU
Le président serbe Boris Tadic refuse le plan de l'ONU
Alors que le médiateur de l'ONU pour le Kosovo, Martti Ahtisaari, a appelé vendredi à un compromis entre Serbes et Kosovars albanais, les Serbes se sont déjà opposés à son plan, qui, selon eux, tend à l'indépendance.

L'indépendance est réclamée par la population du Kosovo,
albanaise à plus de 90%. Mais Martti Ahtisaari s'est refusé à la
mentionner. Certaines de ses propositions ouvrent toutefois la voie
à une forme de souveraineté. Mais elles sont d'ores et déjà
rejetées du côté serbe.

Rejet serbe

Le président de la Serbie Boris Tadic a déclaré vendredi que les
propositions de Martti Ahtisaari ouvrent la possibilité d'un Kosovo
indépendant et que cette solution était inacceptable pour Belgrade.
Sa lecture est d'ailleurs confirmée par Pristina qui se dit
convaincue que ce plan permettra à la province de devenir "un Etat
indépendant".



Les parties de ce plan montrées à l'Associated Press appellent à
la formation d'un Kosovo multiethnique "qui se gouverne lui-même
démocratiquement et dans le respect total de la loi". Ce plan
recommande également que la province serbe adopte sa propre
constitution qui lui permettra de "négocier et conclure des accords
internationaux y compris le droit d'adhérer à des organisations
internationales".



L'objectif final est "de garantir la promotion et la protection
des droits des communautés et de leurs membres, la décentralisation
efficace du gouvernement ainsi que la préservation et la protection
de l'héritage culturel et religieux".

Réunion de la dernière chance

Après avoir présenté ses propositions à Belgrade au cours d'une
rapide escale, Martti Ahtisaari les soumettait dans la journée à
Pristina aux dirigeants Kosovars albanais. "Nous avons l'intention
d'inviter les parties à de nouvelles consultations (...). Un
compromis est important et ce n'est qu'après que je finaliserai ma
proposition pour le Conseil de sécurité", a dit Martti Ahtisaari à
Belgrade.



Ces nouvelles consultations auront lieu du 12 au 23 février à
Vienne. Le représentant de l'Union européenne pour le Kosovo,
Leopold Maurer, l'a indiqué vendredi à la presse. Il y aura ensuite
un délai de réflexion jusqu'au 2 mars, avec une séance finale ce
jour-là, selon Leopold Maurer.



D'après lui, le projet de statut sera envoyé au Secrétaire général
de l'ONU Ban Ki-moon en mars et "l'on espère qu'il y aura une
résolution du Conseil de sécurité vers avril-mai". Leopold Maurer
attend de ces consultations des "amendements constructifs".

Un noeud gordien difficile à trancher

"La mise en oeuvre du projet d'Ahtisaari sera difficile", a
pronostiqué un diplomate occidental. Le problème du Kosovo est le
dernier dossier resté en suspens depuis le démantèlement de
l'ex-Yougoslavie après les guerres qui ont déchiré les Balkans dans
les années 1990.



Afin de faire face à un éventuel mécontentement des Kosovars
albanais après les propositions de Martti Ahtisaari, la force de
l'Otan, la Kfor, qui compte 17'000 hommes pour assurer la paix, a
renforcé les mesures de sécurité.



agences/sun/het

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Un plan qui nécessite des compromis

Le plan de Martti Ahtisaari repose en fait sur des éléments clés qui rendent nécessaire un compromis entre Belgrade et Pristina.

Le médiateur de l'ONU propose d'une part que le Kosovo obtienne les symboles d'un Etat avec en particulier une Constitution, un hymne et un drapeau, mais d'autre part qu'il accepte d'accorder une très large autonomie aux quelque 100'000 Serbes restés au Kosovo après le conflit de 1998-1999, ce qui risque de mécontenter fortement les Kosovars albanais qui espéraient obtenir une indépendance inconditionnelle.

Réunie à une même table des responsables serbes et kosovars albanais semble actuellement d'autant plus difficile que la Serbie est dans l'attente d'un nouveau gouvernement après des législatives qui n'ont pas permis de dégager une claire majorité.

Longue transition

Le Kosovo, qui est encore officiellement une province serbe, est administré par l'ONU depuis 1999 après des bombardements de l'OTAN pour faire cesser les opérations répressives sur fond de "nettoyage ethnique" des forces du régime autoritaire de Slobodan Milosevic contre la guérilla séparatiste albanaise.

Selon les propositions de Martti Ahtisaari, le Kosovo restera pendant une période indéterminée sous tutelle d'une mission conduite par l'Union européenne. Elle sera en particulier chargée d'assister les autorités locales dans la mise en oeuvre de l'Etat de droit, notamment dans les domaines de la justice et de la police.