Selon la police, au moins trois personnes ont été tuées et 43
autres blessées par balles lors d'affrontements dans les villes du
centre et du nord du Liban, dont deux gardes du corps d'un homme
politique proche du gouvernement.
Des responsables de la sécurité ont précisé qu'un militant
pro-gouvernemental avait été tué, tandis que 23 autres
sympathisants du pouvoir et 15 opposants étaient blessés par
balles. Au total, plus de 100 personnes ont été blessées dans des
heurts à travers le pays.
Suspension du mouvement
Dans ce climat électrique, l'opposition menée par le Hezbollah
chiite a annoncé en soirée dans un communiqué la "suspension" du
mouvement, non sans agiter la menace d'une "nouvelle" escalade pour
obtenir la chute du gouvernement du Premier ministre Fouad Siniora,
accusé d'accaparer le pouvoir et de faire le jeu de
l'Occident.
"La balle est maintenant dans le camp du pouvoir, qui s'il
s'obstine, sera confronté à une nouvelle escalade", a prévenu cette
opposition qui regroupe aussi des partis chrétiens et pro-syriens
et observe un sit-in au centre de Beyrouth depuis le 1er
décembre.
Accès à Beyrouth coupés
Des responsables de la majorité parlementaire ont pour leur part
dénoncé un "coup d'Etat" et appelé les forces de l'ordre à rouvrir
les routes.
Les accès à la capitale Beyrouth ont été coupés en matinée par des
partisans de l'opposition libanaise, au milieu de mesures de
sécurité renforcées. Les manifestants ont notamment brûlé des pneus
et déversé du sable et des cailloux au milieu de la chaussée, sur
les grands axes de la capitale et dans d'autres régions.
Des vols annulés
Pas moins de 22 vols ont été annulés à l'aéroport international
de Beyrouth, dont la route était totalement coupée par les
partisans de l'opposition, a indiqué une source
aéroportuaire.
L'armée, qui a déployé des blindés aux carrefours importants et
des centaines de soldats, est intervenue dans certains cas,
éteignant les feux et rouvrant la route à la circulation.
Plusieurs établissements scolaires ont demandé aux élèves de
rester chez eux, alors que des Libanais ont choisi de ne pas aller
au travail de crainte que la situation ne dégénère.
Avertissements de Siniora
L'opposition a appelé à cette grève pour protester contre le
gouvernement de Fouad Siniora, qui doit participer jeudi à Paris à
une conférence d'aide économique pour le Liban.
Le premier ministre, comme les autres leaders de la majorité
parlementaire antisyrienne, a de son côté exhorté les Libanais à
aller travailler normalement et à "ne pas céder aux menaces et aux
pressions de l'opposition". Il a accusé l'opposition, emmenée par
le puissant parti chiite Hezbollah, de chercher à "saboter" la
conférence de Paris.
agences/boi
Un ballon d'oxygène espéré à Paris
Fouad Siniora doit participer jeudi à Paris à une conférence d'aide économique pour le Liban.
Cette conférence est destinée à apporter un ballon d'oxygène à l'économie libanaise.
Le pays est en effet accablé par une dette publique de 41 milliards de dollars.
Un chiffre qui s'est aggravé après l'offensive israélienne de l'été.
Pour convaincre les donateurs, Fouad Siniora doit présenter à Paris un plan de réformes prévoyant notamment une hausse de la TVA et des privatisations.
L'opposition, favorable sur le principe à la conférence, est opposée aux réformes accusées d'accabler les classes populaires.