Les ultranationalistes du Parti radical serbe (SRS), autrefois
au pouvoir au côté de Slobodan Milosevic, ont recueilli 28,7% des
suffrages, devançant nettement le Parti démocrate (DS, opposition
pro-occidentale) du président Boris Tadic avec 22,9%, selon un
sondage sortie des urnes. Ces deux partis étaient donnés au
coude-à-coude dans les sondages d'avant-scrutin.
Premier ministre distancé
Le Parti démocratique de Serbie (DSS, centre-droit, au pouvoir à
Belgrade) du Premier ministre sortant Vojislav Kostunica, allié
avec plusieurs autres formations au sein d'une Coalition populaire,
arrivait en troisième position avec 16,7% des voix, selon ce
sondage réalisé par l'institut indépendant CESID.
La commission électorale d'Etat a publié des résultats similaires,
mais à partir d'un pourcentage moins élevé de bulletins dépouillés.
Elle a précisé qu'une heure avant la clôture du scrutin, la
participation s'élevait à 62%, ce qui montrait un intérêt certain
pour le scrutin de la part des 6,6 millions d'électeurs.
Coalition possible
S'ils se confirment, ces résultats signifient que les deux
principaux partis pro-démocratiques -le DS et le DSS- pourraient
former une coalition de gouvernement s'ils arrivent à mettre leurs
rivalités de côté.
En effet, aussi bien les démocrates du DS arrivés deuxièmes que
les conservateurs du DSS (troisièmes) revendiquent le poste de
Premier ministre. Vojislav Kostunica (DSS) a déjà dit qu'il
souhaitait rester à la tête du gouvernement.
Le DS grand gagnant
Le prochain Premier ministre devrait être issu des Démocrates, a
déclaré dimanche soir le président Tadic, décrivant son parti comme
le "nouveau leader du bloc démocratique" du Parlement serbe. De
fait, le DS est le plus grand gagnant de l'élection, ayant doublé
son nombre de sièges par rapport à l'élection de 2003 pour
atteindre 65 députés sur 250.
Le Parti radical devrait garder environ le même nombre de sièges
qu'il détient actuellement, 81, alors que la coalition au pouvoir
de Kostunica, qui écope de 47 sièges, en perd environ 10.
Pas de gouvernement nationaliste
Pour sa part, le chef des ultranationalistes Tomislav Nikolic a
reconnu que les Radicaux du SRS ne seraient pas en mesure de former
le prochain gouvernement malgré leur première place. "Le Parti
radical serbe est le vainqueur mais nous n'aurons pas l'opportunité
de former le gouvernement", a-t-il déclaré après la publication des
premières estimations. "Bien que nous ayons eu contre nous les
partis du Premier ministre et du président et leurs campagnes
brutales, nous avons montré notre force."
Pour être représenté au sein du Parlement serbe, un parti devait
obtenir au moins 5% des voix. Il s'agissait des premières élections
en Serbie depuis la séparation l'an dernier du Monténégro, qui
était son ultime partenaire au sein de ce qui restait de
l'ex-Yougoslavie.
agences/ruc/cab
Le Kosovo au centre des débats
Les élections législatives de dimanche se déroulaient alors que l'émissaire spécial de l'ONU pour le Kosovo doit présenter vendredi un plan sur l'avenir du Kosovo qui devrait prévoir une forme d'indépendance.
La question du futur statut du Kosovo a d'ailleurs occupé une place centrale lors de la campagne et doit rester au coeur des préoccupations dans les jours et semaines qui suivront le vote en raison de la présentation de ce plan de l'ONU.
Les deux têtes de l'exécutif sortant, Kostunica et Tadic, ont mené une campagne de lobbying international contre une sécession de la province, proposant à la place une large autonomie.
Pour leur part, les ultranationalistes du Parti radical (SRS), autrefois au pouvoir au côté de Slobodan Milosevic, estiment que tout compromis sur la "terre sacrée serbe" serait une trahison.
Quel avenir pour Ratko Mladic?
Le résultat du scrutin pourrait être également déterminant sur le dossier Ratko Mladic, l'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie inculpé de génocide et crimes de guerre par le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye, dont l'Occident réclame la capture.
L'arrestation du fugitif, qui se cacherait en Serbie, pourrait aider le pays à sortir de son isolement international.