Dans le sillage du Danemark, l'Autriche a progressivement ouvert lundi ses écoles, en rendant obligatoire le port du masque pour tous ses élèves et ses enseignants et en scindant les classes en demi-groupes.
Considérée comme précurseur dans la gestion de la pandémie, Vienne avait pris des mesures drastiques dès le 10 mars en fermant ses frontières avec l'Italie, puis, quelques jours plus tard, en fermant toutes ses écoles, comme la Suisse et la plupart des pays européens.
Intronisé en janvier, le gouvernement de coalition du chancelier Sebastien Kurz a vu sa côte de popularité grimper au fil de la crise. D'après les derniers sondages, 80% des Autrichiens jugent sa politique face au Covid-19 "exemplaire". Le pays a précocement pris des mesures de confinement, sans jamais être aussi restrictif que la France, l'Espagne ou encore l'Italie. Au final, le nombre de victimes est restée relativement faible, avec moins de 500 morts recensés.
Si le gouvernement semble tenir le cap, il reste néanmoins prudent. Le plan de reprise des écoles s'appliquera par étape et se poursuivra à la condition que les contaminations ne repartent pas à la hausse. Si la situation reste sous contrôle, le 18 mai prochain devrait voir le retour des collégiens âgés de 6 à 14 ans. Enfin, une troisième étape, prévue fin mai, prévoit le retour à la normale pour l'ensemble du système scolaire.
Profondes discordes en France
Tout comme la Suisse, le retour à l'école en France est prévu pour le lundi 11 mai sur tout le territoire national et de manière progressive. Mais la mesure divise profondément l'opinion et la classe politique.
En effet, la réouverture des écoles a pris une tournure très polémique dans le pays, entre la volonté ferme du gouvernement de refaire fonctionner une institution essentielle de la République et la nécessité de maîtriser la pandémie.
Plusieurs ténors de l'opposition – dont Jean-Luc Mélenchon qui "n'enverrait pas son propre enfant à l'école", estiment que la mesure est destinée à servir des intérêts économiques.
Dans une missive adressée lundi au président Emmanuel Macron, 300 maires de la région parisienne, dont Anne Hidalgo, la maire de Paris, appellent à "ce que cette réouverture soit repoussée à une date ultérieure, dans les départements classés en zone rouge".
Le gouvernement a déjà fait marche arrière en plaçant cette rentrée scolaire sur la base du volontariat, de manière progressive et avec quinze élèves par classe au maximum. La réouverture des crèches et des écoles primaires est privilégiée.
Mais beaucoup de parents et d'experts continuent à faire part de leur inquiétude alors qu'un nombre croissant d'enfants ont été récemment admis en soins intensifs pour des syndromes associés au Covid-19 et des symptômes semblables à la maladie de Kawasaki: défaillance circulatoire et des inflammation du myocarde.
L'Allemagne reporte par crainte d'une seconde vague
Publiée par Christian Drosten, directeur de l'institut de virologie de l'hôpital Charité de Berlin, une étude a fait l'effet d'une bombe en Allemagne. Le professeur a mis en garde les autorités contre un déconfinement trop rapide, agitant le spectre d'une deuxième vague "bien plus mortelle que la première". Contrairement aux certitudes exprimées notamment en Suisse et en France, il estime que "les enfants sont autant infectieux que les adultes."
De son côté, Angela Merkel se montre très prudente. Elle a reporté au 6 mai la décision de rouvrir la totalité des écoles du pays. Le gouvernement a ainsi privilégié le retour en classe des élèves les plus âgés – lycées et collèges – estimant impossible de faire respecter les gestes barrières aux enfants des premiers degrés.
Katya Adler, une journaliste de la BBC, avance une autre explication : la prudence de Berlin est étroitement associée à la hausse du nombre de contaminations au Danemark, l'un des premiers pays européens à avoir assoupli les mesures de confinement, avec la réouverture des écoles et des parcs, le 15 avril dernier. Le gouvernement danois juge la pandémie sous contrôle, mais la prudence reste de mise et les approches divergent beaucoup en Europe.
En Italie, le pays européen le plus meurtri par la pandémie, les écoles resteront fermées jusqu'en septembre. Le président du Conseil italien, Giuseppe Conte a insisté à plusieurs reprises sur le potentiel de contagion des enfants et le risque de voir la pandémie reprendre du terrain.
Olivier Kohler/Stephen Mossaz/ther