«J'ai le regret de dire qu'il n'y avait pas de volonté de la
part des parties d'abandonner leurs positions antérieures» a
indiqué Martti Ahtisaari lors de la conférence de presse à l'issue
d'une dernière réunion avec les dirigeants kosovars et
serbes.
«Je n'ai plus aucun doute qu'il n'y a pas de terrain d'entente
commun aux positions des deux parties», ajouté Martti Ahtisaari. Le
médiateur a indiqué qu'il entendait remettre «dans le courant du
mois» son plan au Conseil de sécurité.
Cette dernière rencontre à Vienne était considérée comme le
dernier moment pour arracher un accord aux parties. Le 2 mars, à
l'issue d'une semaine de négociations, Martti Ahtisaari avait déjà
constaté que «les positions des deux délégations restaient
diamétralement opposées».
Un futur précédent à l'ONU?
«Si le plan Ahtisaari devait être accepté au Conseil de
sécurité, ce serait la première fois dans l'histoire contemporaine
qu'un territoire serait soustrait à un pays démocratique et
pacifique afin de satisfaire aux aspirations d'un groupe ethnique
particulier qui possède déjà son Etat-nation», a déclaré le
président serbe Boris Tadic dans son discours. Il compte sur un
«débat sérieux» au Conseil de sécurité.
Le premier ministre serbe Vojislav Kostunica a choisi de ne pas
prendre part à un déjeuner avec la délégation albanaise kosovare.
Il a dit compter sur la Russie, alliée de la Serbie, pour opposer
son veto au plan d'Ahtisaari.
Concessions douloureuses
En revanche, le président kosovar albanais Fatmir Sejdiu a
réaffirmé que «l'indépendance» était «l'alpha et l'omega» de la
position de Pristina, précisant que son pays avait accepté l'ajout
de «compromis douloureux» dans le document, où ne figure pas le
terme d'indépendance.
«Il est temps maintenant pour tous deux, Kosovo et Serbie, de
s'embarquer sur la voie de l'intégration aux structures de l'UE et
de l'OTAN, c'est l'avenir commun de tous les pays de la région», a
souligné Fatmir Sejdiu.
Dix mille Albanais de souche avaient péri et près d'un million
s'étaient enfuis durant la guerre contre-insurrectionnelle menée
par la Serbie en 1998-99 au Kosovo, dont les Nations unies ont
ensuite pris le contrôle.
ats/het/tac
Le projet de Martti Ahtisaari
Le plan propose une large souveraineté du Kosovo sous surveillance internationale dirigée par l'Union européenne, pour cette province du sud de la Serbie peuplée à 90 % d'Albanais et représentant 15 % du territoire serbe.
Le document préconise aussi que le Kosovo puisse adhérer aux organisations internationales, se doter d'une Constitution, d'un drapeau et d'un hymne national. Certaines des municipalités serbes auraient droit à un certain degré d'autonomie et les lieux d'héritage culturel et religieux serbes jouiraient d'une protection particulière.
De même, les populations serbes déplacées (environ 100'000 personnes) auraient le droit de revenir s'installer au Kosovo.
Le nouveau Kosovo, toujours selon les projets de Martti Ahtisaari, devrait être pourvu d'un «département de sécurité professionnel, multiethnique et démocratique» avec une police unifiée et une petite armée de 2500 hommes.
Cependant, le maintien du droit et de l'ordre serait toujours confié à une force internationale et les 17'000 soldats de l'OTAN présents depuis l'établissement de l'administration de l'ONU en 1999 resteraient en place, au moins dans un premier temps.