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Une expérience japonaise prouve le risque de contamination des buffets

Le Costa Deliziosa arrive au port de Gênes le 22 avril 2020 après une croisière de 15 semaines autour du monde. [Reuters - Massimo Pinca]
Le Costa Deliziosa arrive au port de Gênes le 22 avril 2020 après une croisière de 15 semaines autour du monde. - [Reuters - Massimo Pinca]
Alors que les restaurants vont pouvoir rouvrir leurs portes lundi en Suisse, avec des mesures de protection inédites, les bateaux de croisière et leurs fameux buffets vont sans doute devoir attendre. Une expérience de la télévision publique japonaise tend à le démontrer.

Qu'on l'adore ou qu'on le déteste, le buffet fait partie intégrante de l'expérience du croisiériste. A bord, il est en effet rarement possible de l'éviter.

Mais depuis l'émergence du nouveau coronavirus à la fin 2019, son avenir apparaît compromis, ou tout du moins suspendu, le temps de trouver, de produire et de distribuer un vaccin ou un antiviral efficace.

Le bateau de croisière, un véhicule efficace pour la propagation

Depuis le début de la pandémie, les navires de croisière se sont avérés être des véhicules très efficaces de la propagation du Covid-19. L'exemple le plus emblématique reste celui du Diamond Princess, un bateau américain à bord duquel plus de 700 personnes ont été contaminées, dont 13 sont décédées.

>> Revoir le sujet du 12h45 sur l'évacuation de plusieurs passagers du paquebot américain :

Coronavirus: des pays évacuent leurs ressortissants du paquebot de croisière Diamond Princess pour les placer en quarantaine
Coronavirus: des pays évacuent leurs ressortissants du paquebot de croisière Diamond Princess pour les placer en quarantaine / 12h45 / 1 min. / le 16 février 2020

A moins de rester cloisonné dans sa chambre 24 heures sur 24, difficile en effet de garder les distances sociales adéquates. Une situation encore plus difficile à gérer pour les membres d'équipage qui occupent souvent des espaces encore plus réduits, qu'ils partagent parfois dans des dortoirs.

Cette proximité presque imposée s'exprime donc aussi lors des buffets, où les clients sont amenés à partager de la nourriture et par la même occasion, à toucher tour à tour les mêmes objets.

Vendredi, la télévision publique japonaise (NHK) a réalisé une expérience pour tenter de savoir à quel point ces conditions pouvaient se révéler propices à la contamination.

30 minutes pour toucher tout le monde

En collaboration avec des experts, NHK a appliqué sur la main de l'un des 10 participants à l'expérience une peinture fluorescente, invisible de jour et censée représenter le virus.

La chaîne de télévision a ensuite demandé à tout le monde de se servir dans un buffet, tout en les encourageant à se laver fréquemment les mains. De leur côté, les employés ont fait attention à bien séparer les couverts et à changer fréquemment les pinces de buffet.

Au bout de 30 minutes, une lumière spéciale a été appliquée dans la pièce pour percevoir la peinture fluorescente. Résultat, tous les participants au buffet portaient des marques de peinture et trois d'entre eux avaient même des traces sur le visage.

Les traces de peinture étaient également visibles un peu partout sur le couvercle des récipients contenant les aliments, les pinces et sur la poignée de la machine à boisson.

Si le degré de contamination du Covid-19 via les surfaces reste encore débattu dans la communauté scientifique, le principe même du buffet ne devrait toutefois pas réapparaître au cours des prochains mois. Les compagnies de croisière auront donc sans doute à trouver de nouvelles formes de restauration. Une nouvelle donnée aussi valable pour le secteur hôtelier.

Tristan Hertig

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