Le bilan officiel total s'élève désormais à plus de 12'400 morts, selon les derniers chiffres du ministère brésilien de la Santé. Auparavant, le bilan quotidien le plus lourd avait été enregistré le 8 mai avec 751 morts. Le nombre de nouveaux cas confirmés de contamination entre lundi et mardi est de 9258, ce qui porte le total à 177'589, a indiqué le ministère.
Mais les chiffres donnés par les autorités de ce pays de plus de 210 millions d'habitants sont considérés comme largement sous-évalués par des experts, qui relèvent que le Brésil n'a pas les moyens de tester la population à grande échelle.
Une étude publiée la semaine dernière par des chercheurs brésiliens estimait ainsi à 1,6 million le nombre de cas de contamination à la date du 4 mai, un nombre quinze fois supérieur au chiffre officiel qui était ce jour-là de 107'780.
"Tests-éclair" alarmants à Salvador
Et des "tests-éclair" effectués ces derniers jours dans la rue à Salvador donnent un aperçu de l'ampleur de la contamination. Cette ville du Nordeste brésilien, capitale de l'Etat de Bahia, a pris des mesures de semi-confinement, mais par quartiers seulement, les plus touchés étant les plus fermés.
Lundi, ces tests réalisés sur 42 habitants du quartier de Plataforma ont révélé qu'une personne sur quatre était porteuse du virus. L'information, divulguée dans un tweet par le maire de Salvador Antônio Carlos Magalhaes Neto, a suscité une grande émotion dans la population qui peine à respecter les mesures d'hygiène et de distanciation préconisées localement et à l'échelon de l'Etat de Bahia.
Les spécialistes craignent l'emballement
Ces résultats ont également fait réagir des spécialistes. L'infectiologue Fabio Amorim parle ainsi de proportion "alarmante" dans le journal O Correio. "10 personnes sur 40 testées est un nombre révélateur" de la situation, dit-il. Même si l'échantillon est restreint, "cela montre l'impact et cela peut laisser augurer d'une issue néfaste en quelques semaines. C'est pour cela que nous devons renforcer l'isolement social", souligne-t-il.
L'Etat de Sao Paulo, le plus peuplé et le plus riche du Brésil, est l'épicentre de l'épidémie dans le pays avec 47'719 cas et 3949 décès. Les Etats du nord et du nord-est sont dans une situation dramatique car la propagation de l'épidémie y déborde le système de santé.
Jair Bolsonaro censuré sur Instagram
Le président brésilien Jair Bolsonaro (lire encadré), qui continue à minimiser l'importance de la crise sanitaire et s'oppose à la mise en quarantaine des populations, mène une bataille politique contre les gouverneurs et les maires qui décident des mesures d'isolement social, comme dans l'Etat de Bahia.
Mais il est de plus en plus régulièrement censuré par les réseaux sociaux, qui bloquent ses fausses informations. En début de semaine encore, Instagram a supprimé l'une de ses publications dans laquelle il donnait de faux chiffres sur la mortalité liée à des maladies pulmonaires dans l'Etat du Ceara, pour appuyer ses thèses.
oang avec afp
Popularité du président en baisse régulière
La popularité de Jair Bolsonaro est en baisse régulière, selon un sondage de l'institut MDA publié mardi. Le nombre de Brésiliens qui désapprouvent sa façon de diriger le pays a fortement augmenté ces derniers mois, s'élevant à 55,4%, contre 47% en janvier.
La proportion de ceux qui le considèrent "bon ou excellent" est passé de 34,5% à 32%, ce qui montre que son noyau dur est resté relativement stable, alors que la baisse est beaucoup plus accentuée chez ceux qui le trouvaient "passable" (23%, contre 32% en janvier).
En revanche, 51,7% des interrogés se félicitent de la façon dont le gouvernement mène la lutte contre la pandémie, contre 42,3% qui la désapprouvent et 6% d'indécis. Mais le sondage montre que 67,3% de Brésiliens sont favorables au confinement.