Cédric Herrou a été "renvoyé de toutes les poursuites" par la Cour d'appel de Lyon. Il a également été dispensé de peine pour des faits d'"installation en réunion sur un terrain appartenant à autrui sans autorisation", en l'espèce des installations désaffectées de la SNCF, la compagnie ferroviaire française.
"Je ne vois pas comment ils pouvaient me condamner. C'est l'État qui avait fait des actions totalement illégales", a déclaré à l'AFP Cédric Herrou, joint au téléphone.
Aide à 200 migrants
Cet agriculteur militant de la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, avait été condamné en août 2017 à quatre mois de prison avec sursis pour avoir convoyé quelque 200 migrants, principalement érythréens et soudanais, de la frontière italienne jusqu'à son domicile, puis avoir organisé un camp d'accueil.
Depuis des mois, avec d'autres, il alertait les autorités sur des centaines de personnes bloquées dans la vallée de la Roya par le rétablissement des contrôles frontaliers et ainsi empêchées de déposer une demande d'asile à Nice.
But humanitaire
Après sa condamnation, il avait saisi le Conseil constitutionnel, pour lequel "une aide désintéressée aux migrants, qu'elle soit individuelle ou 'militante' et organisée, ne doit pas être poursuivie". En découlait "la liberté d'aider autrui, dans un but humanitaire, sans considération de la régularité de son séjour sur le territoire national".
En décembre 2018, la Cour de cassation avait retenu ce "principe de fraternité" et annulé la condamnation de Cédric Herrou, renvoyant l'affaire devant la cour d'appel de Lyon, qui l'a donc relaxé mercredi.
"Le triomphe de la raison et du droit"
"C'est le triomphe de la raison et du droit", s'est félicitée Me Sabrina Goldman, l'un des conseils du prévenu. "Pourquoi s'acharner sur quelqu'un qui n'a fait qu'aider? Comment considérer ce qu'il a fait autrement qu'une action humanitaire?".
Le 11 mars à l'audience, le parquet général avait requis huit à 10 mois de prison avec sursis à l'encontre de l'agriculteur. "Un acharnement consternant" aux yeux de la défense, qui accueille la décision de la cour comme "un vrai soulagement".
afp/jpr