Appelant à un "vaccin du peuple", les signataires de cette lettre ouverte demandent que les Etats membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) approuvent plusieurs engagements dès lundi prochain lors de l'Assemblée mondiale de la santé, prévue en ligne. "Les gouvernements et leurs partenaires internationaux doivent s'unir" sur cette question.
Lorsqu'un vaccin sûr et efficace sera validé, il devra "être fabriqué rapidement en grande quantité et relayé vers toutes les populations, dans tous les pays, gratuitement", disent les signataires. "La même chose doit être appliquée à tous les médicaments, diagnostics et autres technologies contre le Covid-19".
Les personnalités demandent qu'une série d'autorisations gratuites de mises sur le marché soient attribuées à tous les pays. Elles estiment que les pays riches doivent financer un plan de fabrication et de distribution mondial pour rapidement fabriquer des milliards de doses relayées à prix coûtant et encadrer les millions de travailleurs de la santé qui devront les utiliser. Le patient devra pouvoir les recevoir gratuitement.
Plusieurs ex-dirigeants et Nobel
Outre Ruth Dreifuss, qui préside la Commission mondiale sur la politique des drogues à Genève, quatre chefs d'Etat et de gouvernement se sont associés à cette lettre. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, actuellement à la tête de l'Union africaine (UA), figure parmi eux.
D'anciens dirigeants, mais aussi des Prix Nobel ou des rapporteurs spéciaux de l'ONU ont également rejoint cet appel que les signataires considèrent comme le plus large sur la question du vaccin depuis le début de la crise. Il y a quelques semaines, l'OMS, le président français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avaient lancé une initiative pour garantir une répartition équitable d'un futur vaccin.
Autre appel lancé
Mais les Etats-Unis, qui ont suspendu leur contribution à l'OMS accusée d'être proche de Pékin, n'avaient pas participé. Ni à la conférence de donateurs qui avait suivi une dizaine de jours plus tard et rassemblé près de 8 milliards de francs. Washington se voit elle reprocher de chercher à sécuriser des doses d'une future immunisation pour ses citoyens.
Dans un autre appel lancé jeudi, l'Association médicale mondiale demande de son côté aux pays de soutenir financièrement l'OMS, sans s'en prendre nommément aux Etats-Unis. Elle appelle l'organisation à résister à toute influence politique. Elle souhaite également des réaménagements structurels pour cette entité.
ats/jfe
Polémique autour de Sanofi
Cet appel est publié en pleine polémique sur les propos du patron du laboratoire pharmaceutique Sanofi. La secrétaire d'Etat à l'Economie en France, Agnès Pannier-Runacher, a jugé jeudi "inacceptable" que le groupe pharmaceutique Sanofi serve en priorité les Etats-Unis s'il trouve un vaccin contre le Covid-19 comme l'a affirmé son directeur général, Paul Hudson.
L'accès à un vaccin contre le coronavirus doit été "équitable et universel", a estimé de son côté la Commission européenne.
Sanofi avait prévenu la veille, par la voix de son directeur général Paul Hudson, qu'il distribuerait en priorité aux Etats-Unis un éventuel vaccin, car les autorités américaines ont investi financièrement pour soutenir les recherches du géant pharmaceutique.