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La pandémie plonge les finances du Vatican encore plus dans le rouge

Les rentrées financières du Vatican se sont largement taries avec la crise. [AP/Keystone - Andrew Medichini]
La pandémie plonge les finances du Vatican encore plus dans le rouge / Le Journal horaire / 9 sec. / le 14 mai 2020
La crise liée à la pandémie de coronavirus prive le Vatican des revenus de ses célèbres musées et l'empêche d'organiser ses grandes collectes de dons. Son Grand argentier dit jeudi sa préoccupation face à des finances déjà mal en point depuis des années.

"Nous abordons certainement des années difficiles", avertit Juan Antonio Guerrero Alves, qui dirige depuis janvier le Secrétariat pour l'Economie du Saint-Siège. Le déficit annuel des services du pape oscille généralement entre 60 et 70 millions d'euros (entre 63 et 73 millions de francs) depuis quatre ans, précise-t-il.

Revenus en baisse de 25% à 45%

Mais ce trou, déjà jugé critique avant la pandémie, devrait se creuser. Le père Guerrero Alves évoque une hypothèse "optimiste" d'une baisse de 25% des revenus du Saint-Siège cette année, une autre "pessimiste" d'une chute de 45%.

Pour autant "le Vatican ne risque pas la faillite" et ne doit pas être comparé à "une entreprise" destinée aux profits, insiste le père jésuite espagnol sur le portail du Vatican.

Un employeur responsable

Obligés de se serrer la ceinture, les services du Saint-Siège ainsi que le petit Etat du Vatican ont tenu à maintenir emplois et salaires de leurs 5000 collaborateurs.

Seule exception, l'aumônier qui s'occupe des oeuvres de charité du pape, le cardinal Konrad Krajewski, avait invité début avril les 250 membres de la hiérarchie de la Curie romaine (gouvernement) à céder un mois de salaire pour aider ceux souffrant de la pandémie.

Recours à des fonds d'urgence

Tous les évènements programmés en 2020 - déplacements, achats, contrats provisoires - ont été annulés, précise le père Augusto Zampini. L'Argentin choisi par le pape pour coordonner l'action du Vatican en temps de pandémie reconnaît l'utilisation temporaire de "fonds d'urgence".

Le Vatican dispose bien d'un grand patrimoine artistique et immobilier, mais les liquidités commencent à s'évaporer. Plusieurs raisons sont avancées: la fermeture des Musées du Vatican, le report des collectes de dons, les ristournes consenties sur les loyers commerciaux, mais aussi l'inévitable chute de rentabilité des placements de la banque du Vatican.

Impossibilité de s'endetter

Il y a un mois, le cardinal allemand Reinhard Marx - coordinateur d'un groupe de six conseilleurs économiques du pape - évoquait déjà un "grand défi financier", en rappelant que le Saint-Siège "ne peut pas s'endetter ou lever des impôts comme un Etat".

Le site catholique Acistampa calcule que les pertes totales liées au coronavirus du Saint-Siège et de l'Etat du Vatican pourraient déjà atteindre 25 millions d'euros.

afp/oang

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Des comptes très secrets

Le Saint-Siège, qui reste très secret sur les questions financières, a publié pour la dernière fois ses comptes au titre de l'année 2015, affichant alors un déficit de 12,4 millions d'euros.

Le Gouvernorat de l'Etat de la Cité Vatican, qui gère musées et commerces, dispose de comptes distincts qui arrivaient alors à un excédent d'environ 60 millions.

Le père Guerrero Alves assure que les comptes du Saint-Siège sont en réalité "plus modestes que ceux d'une université américaine".

Les revenus tournent autour de 270 millions d'euros par an en moyenne sur les quatre dernières années, pointe-t-il, venant des dons, loyers, investissements, mais aussi d'une contribution de l'Etat du Vatican majoritairement alimentée par les Musées.

Les dépenses atteignent en moyenne 320 millions d'euros, dont 45% de frais de personnel.

Le "Denier de Saint Pierre" reporté à octobre

La collecte annuelle fin juin de dons versés au pape, le "Denier de Saint Pierre", a été reportée au 4 octobre. La grande quête destinée aux activités de charité et au fonctionnement des administrations avait atteint 71 millions d'euros en 2013, dernier chiffre officiel.

Le dirigeant du Secrétariat pour l'Economie se dit incapable d'évaluer cette future collecte ou encore la contribution des diocèses, eux-mêmes touchés par la crise.