Répondant aux critiques sur sa crédibilité, elle s'est dite
"prête" à diriger la France, assumant son statut de femme et
défendant ses "valeurs". Vêtue de sa veste blanche fétiche sur une
robe noire, elle est apparue détendue face aux cent Français du
panel sélectionné par TNS-Sofres, alternant empathie et
combativité, parlant avec les mains ou s'appuyant nonchalamment sur
son pupitre.
Ségolène Royal jouait pourtant gros, alors qu'un sondage Ipsos
la faisait pour la première fois lundi passer sous la barre des
25%, avec 23% d'intentions de vote au premier tour, contre 33% à
Nicolas Sarkozy et 16% à François Bayrou.
En difficulté, Ségolène Royal a répliqué aux critiques. "Je pense
être prête" et être "la seule à pouvoir incarner et à pouvoir
réaliser le profond changement dont la France a besoin", a-t-elle
martelé. "C'est beaucoup plus dur pour une femme, et en même temps
je pense que le moment est venu pour la France d'avoir une femme
présidente", a-t-elle clamé. "On s'est moqué de moi", a grincé la
candidate socialiste, "je fais de la politique autrement et c'est
ça qui déroute".
Aucun "homme avec mon
itinéraire professionnel ne verrait mises en cause comme ça en
permanence sa compétence et sa légitimité", s'est-elle défendue,
rappelant son expérience de députée, présidente de région et de
ministre par trois fois, après être "partie de rien".
"Je suis diplômée de l'ENA, j'ai travaillé sept ans auprès de
François Mitterrand" et "je connais donc toutes les arcanes" et
"les rouages de l'Etat", a affirmé la présidente de la région
Poitou-Charentes.
"La campagne n'est pas terminée"
Vivement interpellée par une jeune femme, Meriem, sur les
électeurs de gauche qui semblent se détourner d'elle, Mme Royal ne
s'est pas laissé démonter. "La campagne n'est pas terminée,
j'espère mobiliser le plus grand nombre", a-t-elle répondu. "S'il y
a parfois un désaveu à l'égard de la gauche" ou "de la politique en
général", "c'est que certains citoyens ne se sont pas sentis
suffisamment pris en compte". "Je suis socialiste, je porte des
valeurs de gauche" et "je suis moderne parce que je suis réaliste",
a-t-elle ensuite ajouté.
Une candidate à l'aise
Et elle n'a éludé aucun sujet, y compris sa vie de couple et de
mère de famille. Alors qu'un homme jugeait que François Hollande ne
pourrait pas rester à la tête du PS si elle était élue -l'appelant
au passage "Madame Hollande"-, elle a pris la défense de son
compagnon: "Nous sommes dans un pays moderne". Quant à le nommer au
gouvernement, "ça serait indécent" de "commencer à distribuer des
places".
Dans la première partie de l'émission, dominée par les sujets de
société tels que le pouvoir d'achat, la santé ou le handicap,
thèmes qui lui sont chers, Ségolène Royal a joué sur du velours,
citant moult anecdotes et exemples concrets et se référant souvent
à ses débats participatifs.
Interrogée sans ménagement par plusieurs entrepreneurs, elle est
apparue moins à l'aise sur le terrain économique, sans se laisser
prendre en défaut. "Je pense que je suis la mieux à même de
relancer la machine économique", a-t-elle certifié, se référant
plusieurs fois au modèle scandinave. "Ce que je propose à la France
aujourd'hui, c'est système gagnant-gagnant. Je veux aider les
entreprises qui se battent", a-t-elle expliqué avant d'égrener les
mesures prévues par son "pacte présidentiel". La candidate du PS
devait reprendre sa tournée des régions dès mardi avec un meeting à
Rennes.
ap/sch
Crispée, mais émouvante
Pour Libération (gauche), qui titre en Une «Royal se rattrape à l'oral», la candidate socialiste «s'est placée sur le terrain du quotidien pour détailler ses propositions» aux «vrais gens dont elle prétend se préoccuper au premier chef», et a «parfaitement exécuté sa partition».
«Ségolène Royal entre compassion et promesses», titre de son côté Le Figaro (conservateur), en rappelant notamment son échange avec un handicapé en fauteuil roulant, qui avait les larmes aux yeux en évoquant le souvenir d'un ami décédé.
«Face au panel de cent Français, la candidate socialiste a voulu se montrer humaine mais est apparue souvent crispée», juge FranceSoir, qui titre «La belle humaine». «Malgré de bons passages», Mme Royal «n'est pas toujours à l'aise, avec un phrasé qui manque de fluidité et une certaine mollesse, parfois dans les arguments», estime le journal.
Remontée dans les sondages
La candidate socialiste repasse devant Nicolas Sarkozy au premier tour de la présidentielle française.
C'est ce qu'indique un sondage CSA pour «Le Parisien»/i-Télé à paraître mercredi, qui la crédite de 29% d'intentions de vote.
Au lendemain de sa prestation sur TF1, la candidate socialiste enregistre une hausse de deux points alors que son adversaire de l'UMP baisse de cinq points, à 28%.
Au deuxième tour, le ministre de l'Intérieur l'emporte par 51 % contre 49% pour la présidente de Poitou-Charentes. François Bayrou voit sa cote de popularité confortée.
Le candidat de l'UDF gagne quatre points au premier tour et recueille 17% des intentions de vote.
Le sondage a été réalisé mardi par téléphone auprès de 900 personnes.