Après 500 jours de crise et trois élections sans perdant, le gouvernement de Benjamin Netanyahu et Benny Gantz a obtenu la confiance des députés et le Premier ministre devait prêter serment dans la foulée. 73 parlementaires ont voté pour le gouvernement, soit 12 de plus que le seuil de la majorité.
La cérémonie avait été prévue dans un premier temps jeudi, mais avait été reportée de trois jours en raison de tensions dans le camp de Benjamin Netanyahu. Le Premier ministre a poursuivi les négociations jusque dans la matinée de dimanche afin de distribuer ses portefeuilles ministériels.
Difficile répartition des ministères
L'accord entre le Likoud (droite) de Benjamin Netanyahu et la formation centriste "Bleu-Blanc" de son ex-rival électoral Benny Gantz prévoit un partage équitable des ministères et permet à chaque camp de redistribuer des postes à ses alliés politiques. C'est ce qui a causé un problème de congestion pour le Likoud, qui a obtenu le plus de sièges aux dernières élections et compte sur le soutien d'élus de la droite radicale et de partis ultra-orthodoxes.
Avec à terme un total de 36 ministres, ce gouvernement sera le plus large de l'histoire du pays, un paradoxe en pleine crise économique liée à la pandémie, déplore une partie de la presse israélienne.
Un double défi à relever
D'après les termes de l'accord, Benjamin Netanyahu restera Premier ministre pendant 18 mois avant de céder sa place pour une période équivalente à Benny Gantz.
Il s'agit de remettre sur les rails une économie qui a vu son taux de chômage technique bondir de 3,4% à 27% tout en évitant une seconde vague de contamination (lire encadré).
Maie le gouvernement Netanyahu/Gantz doit surtout se pencher sur l'application du projet américain pour le Proche-Orient, qui prévoit notamment l'annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies juives en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967.
"Il est temps d'annexer des pans de Cisjordanie"
"Il est temps" d'annexer des pans de la Cisjordanie occupée, a déclaré le Premier ministre devant le Parlement. "Ces territoires sont là où le peuple juif est né et a grandi. Il est temps (...) d'écrire un nouveau chapitre glorieux dans l'histoire du sionisme", a déclaré Benjamin Netanyahu devant les parlementaires, en utilisant son langage habituel pour évoquer l'annexion des colonies.
Ce geste ne nous éloignera pas de la paix, il nous en rapprochera", a assuré le Premier ministre en disant avoir discuté de ce dossier excessivement sensible avec le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo lors de sa visite à Jérusalem mercredi.
>> Lire : En visite en Israël, Mike Pompeo accuse l'Iran de semer la terreur
Au cours de la dernière décennie, la population des colonies juives en Cisjordanie, territoire nommé Judée-Samarie par l'Etat hébreu, a bondi de 50% pour dépasser les 450'000 habitants vivant en parallèle et parfois sous tensions avec plus de 2,7 millions de Palestiniens.
Réactions palestiniennes et internationales
Certains, au sein du gouvernement, comme Benny Gantz, semblent toutefois circonspects sur l'annexion. Le chef de Blanc-Bleu n'a rien dit à ce sujet dimanche à la Knesset.
Les Palestiniens et la Jordanie voisine ont, eux, déjà mis en garde contre les conséquences d'un tel projet. La plupart des pays de l'Union européenne veulent aussi convaincre Israël d'y renoncer pour éviter de devoir sanctionner ce pays.
afp/oang
Défendre Israël face à la pandémie
Ce gouvernement "d'union et d'urgence" avait été promis en particulier pour défendre Israël face à la pandémie de nouveau coronavirus qui a contaminé plus de 16'500 personnes, incluant 268 décès, selon les données officielles.
Le pays d'environ neuf millions d'habitants a commencé le déconfinement en rouvrant la majorité des commerces et des écoles, tout en maintenant l'obligation du port du masque sanitaire.
Prochain rendez-vous avec la justice
Détenteur du record de longévité au poste de Premier ministre de toute l'histoire d'Israël, Benjamin Netanyahu est un "magicien" de la survie politique, passé maître dans l'art d'être reconduit à son poste malgré les rivaux et les ennuis judiciaires.
Marié et père de trois enfants, il a aussi décroché un autre titre, moins glorieux, en devenant le premier chef de gouvernement à être inculpé dans l'exercice de ses fonctions.
Son procès pour corruption, abus de pouvoir et malversation, prévu initialement mi-mars, a été reporté de deux mois en raison de la pandémie de Covid-19. Il doit débuter dans quelques jours.