Tedros Adhanom Ghebreyesus s'est engagé sur ce point au début de l'assemblée annuelle de l'OMS, qui s'est ouverte lundi à la mi-journée sous la forme d'une visioconférence au cours de laquelle le président chinois Xi Jinping a quant à lui défendu la gestion de cette crise sanitaire par les autorités de Pékin.
Le président américain Donald Trump a vivement mis en cause à plusieurs reprises l'action de l'OMS face à cette pandémie et suspendu la contribution financière des Etats-Unis à cette organisation basée à Genève. Il a également critiqué la Chine où la crise sanitaire a débuté.
Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui a toujours plaidé pour une analyse post-pandémie, a précisé que cette évaluation serait lancée "dans les meilleurs délais, dès que la situation sera appropriée".
Large soutien pour un projet de résolution
Ces déclarations du directeur général de l'OMS surviennent alors qu'une résolution appelant à une évaluation indépendante de la riposte de l'organisation à la pandémie, portée par l'Union européenne (UE), semble faire l'objet d'un large consensus auprès des Etats participant à l'Assemblée mondiale de la santé, instance décisionnaire de l'OMS.
Selon un document que l'agence Reuters a pu consulter lundi avant l'ouverture de cette réunion, ce projet de résolution avait recueilli le soutien de 116 des 194 Etats membres de l'OMS, sur les 130 nécessaires pour une adoption.
Outre l'évaluation indépendante de l'action de l'OMS, ce projet de résolution appelle également à un accès équitable à travers le monde aux tests de diagnostic, aux traitements et aux vaccins, une priorité mise en avant par le président français Emmanuel Macron lors de son intervention.
Il préconise également une poursuite des travaux sur cette crise sanitaire, notamment via des "missions scientifiques et collaboratives sur le terrain" afin d'identifier l'origine animale du nouveau coronavirus ainsi que les modalités de franchissement de la barrière des espèces et les voies de transmission à l'homme.
Pas de référence à la Chine
Le projet de résolution ne fait pas référence à la Chine, où le virus - désormais responsable de plus de 4,6 millions de contaminations et de plus de 310'000 morts à travers le monde - a émergé en fin d'année dernière dans un marché de Wuhan où étaient vendus des animaux sauvages vivants, selon la plupart des experts et selon l'OMS.
La Chine s'est jusqu'ici opposée aux appels à une enquête sur l'origine et la propagation du virus notamment réclamée par l'Australie, ce qui a suscité des tensions entre les deux pays ces dernières semaines.
Lors de son intervention devant l'Assemblée mondiale de la santé, Xi Jinping a précisé que la Chine serait disposée à ce que la réponse mondiale à cette crise sanitaire soit évaluée une fois que la pandémie sera contrôlée.
"Ce travail doit être mené de façon professionnelle et scientifique, et doit être conduit par l'OMS. Et les principes d'objectivité et d'équité doivent être respectés", a-t-il souligné lors de son intervention en déclarant une nouvelle fois que la Chine avait agi de manière transparente et responsable.
La Suisse remercie l'OMS pour son engagement
La crise est un "défi majeur pour nous tous", a affirmé la présidente de la Confédération Simonetta Sommaruga dans son discours d'ouverture. Elle a fait part à nouveau du "soutien plein et entier" de la Suisse à l'institution qu'elle a remerciée pour son engagement.
"L'OMS a su tirer les leçons des épidémies qu'elle a dû affronter", a également affirmé Simonetta Sommaruga. "Je suis convaincue que l'organisation saura également examiner de manière critique la crise actuelle pour améliorer encore sa gestion des urgences sanitaires". Mais pour le moment, la réponse sanitaire est la seule qui importe, selon elle.
Les critiques d'Antonio Guterres
Le secrétaire général des Nations unies a de son côté critiqué les nombreux pays ayant "ignoré les recommandations" de l'OMS pour répondre à la pandémie.
"Nous avons vu des expressions de solidarité, mais très peu d'unité dans notre réponse face au Covid-19. Les pays ont suivi des stratégies différentes, parfois contradictoires, et nous en payons tous le prix fort", a déclaré Antonio Guterres.
boi avec afp
L’enjeu diplomatique de Taïwan
Cette Assemblée mondiale de l’OMS a fait à nouveau éclater la guerre diplomatique à laquelle se livrent depuis des années la Chine populaire et Taïwan. L’île de 23 millions d’habitants fait figure de modèle dans sa gestion de la pandémie. Moins de 500 cas pour seulement 7 décès. Plusieurs pays ont demandé à ce qu'elle puisse partager son expérience.
Mais la Chine considère Taïwan comme faisant partie de son territoire. Alors pas question de lui accorder une tribune. La question a d’ailleurs été très vite écartée. Taïwan a annoncé avant même le début de la réunion ne pas avoir reçu d'invitation à assister comme observatrice à la réunion des 194 membres de l'institution. Cette question sera examinée plus tard cette année. De quoi rassurer la Chine et de provoquer la colère du secrétaire d'État américain Mike Pompeo qui a estimé que ce décalage affecte « davantage encore la crédibilité de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ».
>> Voir le sujet du 19h30: