Dépendant des flux de personnes, le tourisme souffre de la crise du Covid-19. Et dans sa chute, il emporte avec lui d'autres secteurs tels que l'hôtellerie, la restauration et les services à la personne comme l'ont démontré de précédents cas de baisse spectaculaire de fréquentation, après des attentats par exemple.
En 2020, la situation a ceci de particulier qu'elle ne touche pas une seule destination, mais frappe le monde entier, en raison du risque de contamination au nouveau coronavirus, de la fermeture des frontières et de l'interruption du trafic aérien. Or, le tourisme pèse lourd dans le produit intérieur brut de plusieurs pays, y compris en Europe.
Eviter un naufrage
Pour la Grèce ou le Portugal, tout juste remis de la crise économique, la pandémie sonne le glas d'une croissance tout juste retrouvée. En Espagne, en Italie ou même en France, destinations touristiques très prisées et sévèrement frappées par le Covid-19, l'empressement à sauver la saison d'été pour limiter les dégâts économiques trahit l'inquiétude.
C'est d'ailleurs pour éviter un naufrage du secteur touristique que l'Union européenne a encouragé dès la mi-mai à envisager la réouverture des frontières intérieures de l'UE de façon "concertée" et "non discriminatoire". Des annonces suivront ces prochaines semaines et les lignes risquent de rester floues pour quelques temps.
Quelle que soient les décisions, l'industrie touristique à l'arrêt depuis déjà deux moi accusera le coup. Les dégâts seront importants et pourraient durer. Pour certains, il n'en faut pas plus pour appeler à s'interroger sur la dépendance de certains territoires au seul secteur touristique.
Un modèle à repenser?
"Cette crise est révélatrice de la vulnérabilité du tourisme", estime le sociologue français Rodolphe Christin, interrogé par la RTS. Voix critique du tourisme moderne, il estime qu'il est grand temps de prendre des habitudes plus durables.
Si le chercheur espère assister à une évolution de la demande, en dépit de la pression énorme pour que tout redémarre comme avant, il salue aussi l'accalmie forcée des derniers mois qui a permis à certains lieux hyper-touristiques de s'interroger sur leur développement. Les habitants de villes prises d'assaut comme Venise ou Barcelone ont par exemple goûté à la tranquillité retrouvée et déjà annoncé vouloir repenser leur modèle. Reste que pour l'instant la priorité semble bien de ne pas trop boire la tasse.