La nouvelle, qui ne faisait plus guère de doute, a été confirmée
officiellement vendredi par le ministère britannique de la Défense:
"Suite à une évaluation précise des risques par la chaîne de
commandement, il a été décidé de retirer immédiatement le prince
Harry d'Afghanistan", a expliqué le ministère.
"Cette décision a été prise principalement parce que la
couverture médiatique mondiale de la présence du prince Harry en
Afghanistan pourrait avoir un impact sur la sécurité de tous ceux
qui sont déployés dans ce pays, et présenter des risques pour
lui-même en tant que soldat", poursuit le ministère.
Aucune date
La date du rapatriement du sous-lieutenant Harry, 23 ans, n'a
pas été précisée. Le ministère a appelé les journalistes à éviter
de spéculer.
Mi-décembre, le fils cadet du prince Charles et de Diana avait été
envoyé avec son régiment de cavalerie des "Blues and Royals" dans
la région de Helmand (sud), où sont déployés la plupart des 7800
soldats britanniques et où se déroulent les combats les plus
meurtriers.
Le sous-lieutenant Harry Wales, troisième dans l'ordre de
succession au trône d'Angleterre, devenait au passage le premier
membre de la famille royale à être envoyé en première ligne dans un
conflit depuis son oncle, le prince Andrew, qui avait combattu
pendant la guerre des Malouines en 1982.
Des frasques au treillis
En Afghanistan, le prince Harry, qui s'était jusqu'ici surtout
illustré par ses frasques et un comportement souvent fantasque, a
opéré comme contrôleur aérien. Sa mission consistait notamment à
assurer la couverture aérienne des troupes au sol ou à autoriser le
bombardement de positions talibanes. Le fils de Lady Di se trouvait
parfois à quelque 500 mètres du front, a expliqué le
ministère.
Les télévisions britanniques ont diffusé en boucle les images d'un
Harry en tenue de combat, tirant à la mitrailleuse lourde ou
chevauchant une moto dans le désert dans un moment de
détente.
L'Afghanistan s'est dit "très reconnaissant" de la présence du
prince Harry en Afghanistan, un "signe de solidarité de la famille
royale" britannique, a déclaré le ministre afghan des Affaires
étrangères. "C'est un signe qui témoigne du fait que le Royaume-Uni
est le deuxième contributeur militaire en Afghanistan (derrière les
Etats-Unis). C'est un signe de la solidarité de la famille royale
britannique", a-t-il estimé.
afp/boi
Secret brisé après 10 semaines
Un accord avait été passé avec des médias pour qu'ils conservent le secret jusqu'à son retour, initialement programmé en avril, afin d'assurer sa sécurité et celle de ses camarades.
Harry s'était vu refuser une mission en Irak en raison de son rang et de sa célébrité qui en font une cible de choix pour toute organisation terroriste.
L'accord, qui a tout de même tenu dix semaines, permettait au Prince de se rendre en Afghanistan avec plus de sécurité.
Les médias ont obtenu en échange du secret la promesse du ministère de la Défense de pouvoir interviewer, photographier et filmer le fils cadet du prince Charles
Jeudi, le site américain Drudge Report a publié le "scoop", contraignant le ministère à confirmer l'information officiellement.
Début janvier, le magazine féminin australien New Idea avait déjà révélé que Harry combattait dans le sud de l'Afghanistan, mais l'information était passée inaperçue.
Le magazine a affirmé vendredi qu'il n'était pas au courant de l'accord secret passé avec des médias.
Les journaux applaudissent
Une fois l'embargo rompu, la presse britannique a consacré vendredi de nombreuses pages, illustrées de dizaines de photos, à la spectaculaire mission de Harry en Afghanistan, saluant unanimement le "courage" et la "bravoure" du jeune sous-lieutenant.
Le quotidien populaire The Sun, plus habitué à publier des photos de Harry à la sortie des discothèques branchées de Londres, a salué un "homme au courage hors du commun qui a pris le risque de se faire exploser la tête par les talibans pour pouvoir servir son pays avec ses camarades".
"Il n'a jamais demandé, ni bénéficié, de traitement particulier", renchérit le tabloïd Daily Mirror. "Il a participé à des patrouilles dans la province dangereuse de Helmand et il a essuyé le feu ennemi comme n'importe quel soldat".