La deuxième phase du déconfinement a débuté lundi en Italie. "L'Italie rallume les lumières", titrait le quotidien la Repubblica. Tous les commerces de détails ont été autorisés à relever leurs rideaux, y compris les restaurants et les bars, en passant par les coiffeurs. Sur le plan sanitaire, le pays a connu son plus faible niveau de décès depuis le 9 mars, avec pour la première fois moins de 100 morts en une journée.
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"Aujourd'hui, c'est beau de retourner au travail, de revoir ses clients. C'est un peu un nouveau début. Le redémarrage a été bon. C'est sûr qu'il faut limiter à deux ou trois le nombre de personnes à l'intérieur du salon, mais on peut travailler. A un rythme plus calme, mais enfin, aujourd'hui on a travaillé, et ça nous a fait plaisir", raconte un coiffeur du quartier de Saint-Jean de Latran, à Rome. Pour lui, la fin du confinement est un soulagement, même s'il doit respecter des mesures de sécurité bien précises.
Encore peu de clients aux tables
Pour les bars et les restaurants, la reprise est en revanche plus lente. Il y a encore peu de clients aux tables. Les adresses les plus renommées comme "Pinsa" et "Buoi" s'en sortent mieux, même si les restaurateurs ne cachent pas les difficultés: "On a dû diviser par deux le nombre de couverts. Lundi soir, il y a eu une bonne réaction de nos clients qui avaient hâte que l'on rouvre. On a au moins 20 réservations, mais en temps normal, à cette période, on en a au moins le triple", témoigne le tenancier d'un restaurant de la capitale.
"Les gens étaient heureux de sortir. Il y avait beaucoup plus de monde, du trafic, mais on n'est pas encore comme avant. La grande majorité des passants portent des masques. Dans les bars, on ne retrouve pas le coude-à-coude autour du café, on est encore dans une zone de prudence, observe de son côté la directrice de l'Institut suisse à Rome Joëlle Comé dans La Matinale de la RTS mardi. Mais les gens ont encore peur, "on le voit au nombre de masques, à l'auto-discipline. On ne se touche pas, on se tient à distance... C'est nouveau pour le pays".
On ne se touche pas, on se tient à distance... C'est nouveau pour le pays
"Le trauma collectif va durer"
Comme en Suisse et dans la plupart des pays qui ont entamé leur déconfinement, les avis sont partagés entre les gens qui trouvent que cela va trop vite et ceux qui trouvent que tout va trop lentement. "Mais dans une ville comme Rome, tout est organisé autour du tourisme. Là, même les pharmacies du centre-ville n'arrivent pas à tourner. Beaucoup de gens appelaient donc de leurs vœux cette réouverture", a constaté Joëlle Comé.
Pour elle, le pays est prêt à recevoir les touristes, mais le traumatisme va rester. L'épidémie a laissé un lourd bilan - plus de 32'000 morts - et des images très fortes, comme celles des camions de l'armée qui évacuaient les corps de la ville de Bergame.
"Ces images que tout le monde a regardées au journal ont vraiment frappé la mémoire collective, il y a là une plaie. Beaucoup de gens n'ont d'ailleurs pas pu dire au revoir à leurs morts. Ce trauma collectif va durer, ce qui explique aussi la peur" qui demeure, estime Joëlle Comé.
Rome n'a désormais qu'une date en tête: celle du 3 juin, quand les touristes européens seront autorisés à entrer à nouveau en Italie (lire encadré).
Sujet et interview radio: Eric Jozsef et Romaine Morard
Adaptation web: Vincent Cherpillod
L'ouverture de la frontière italienne le 3 juin prochain a surpris la Suisse
Rome a surpris ses voisins en annonçant, samedi dernier, qu'elle allait rouvrir ses frontières le 3 juin prochain, y compris au tourisme. Du côté Suisse, en revanche, rien n'est encore décidé est il est possible que la réciproque ne soit pas accordée. Autrement dit, il n'est pas certain que les Italiens puissent entrer en Suisse, travailleurs frontaliers exceptés.
"Nous souhaitons un assouplissement coordonné": voilà ce qu'a déclaré le Secrétariat aux migrations lundi à Berne. En charge du dossier, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter doit en discuter cette semaine avec son homologue italienne.
"La décision d'un pays souverain"
Pour le conseiller aux Etats PLR et membre de la commission interparlementaire Suisse-Italie Andrea Caroni, le calendrier de Rome ne doit pas influencer le Conseil fédéral: "La décision italienne m'a surpris un peu, mais ça reste la décision d'un pays souverain. La Suisse, elle aussi, peut réagir de manière indépendante. On n'est pas liés par le calendrier italien", a-t-il estimé au micro de la RTS mardi, avertissant que les Suisses qui se rendent en Italie devront s'informer des démarches éventuellement nécessaires à leur retour en Suisse.