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En Méditerranée, le sort des migrants dans l'ombre du coronavirus

Une femme migrante sauvée par un navire espagnol en méditerranée, 2018. [AFP - Guillaume Pinon]
En méditerranée, le sort des migrants dans l'ombre du coronavirus / La Matinale / 1 min. / le 20 mai 2020
Malgré des ports fermés et l'absence de bateaux de sauvetage, les migrants sont plus nombreux à tenter de traverser la Méditerranée. Leur sort est éclipsé par la pandémie de coronavirus, faisant craindre aux ONG une tragédie à l'abri des regards.

Au moment où l'Europe devenait l'épicentre mondial de la pandémie, seuls deux navires portant assistance aux personnes en détresse avaient continué leurs opérations: l'Alan Kurdi de l'ONG allemande Sea-Eye et Aita Mari, affrété par une ONG basque.

Début mai, ces derniers ont été immobilisés par les garde-côtes italiens pour des problèmes "techniques". Les ONG dénoncent une manoeuvre injustifiée destinée à "perturber leurs missions de sauvetages". Depuis, plus aucun navire humanitaire ne sillonne la Méditerranée.

"Désormais, comme il n'y a pas de témoin, on ne connaît pas l'ampleur de la possible tragédie qui s'y déroule", dénonce Sophie Beau, directrice générale de SOS Méditerranée.

>> Ecouter les propos de Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée, dans La Matinale :

Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée [AFP - Thomas Samson]AFP - Thomas Samson
L'interview de Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée / La Matinale / 1 min. / le 20 mai 2020

Augmentation des départs en Afrique du Nord

"Les gens sont désespérés. Environ 75% des migrants et des réfugiés en Libye ont perdu leur emploi à cause de la fermeture de la plupart des entreprises. Le conflit s'est aussi détérioré sensiblement depuis plus d'un mois", explique Vincent Cochetel, envoyé spécial du Haut-Commissariat pour les réfugiés (UNHCR) pour la Méditerranée centrale, dans La Matinale. Celui-ci estime à près de 180 le nombre de morts dans la zone depuis janvier.

Entre janvier et fin avril, les départs ont selon lui augmenté de 290% des côtes libyennes et de 156% de la Tunisie, comparé à la même période en 2019.

"Le coronavirus n'a qu'un impact minime sur la santé publique en Afrique du Nord. Mais on voit une augmentation sensible des départs. En termes de chiffres, cela reste tout de même gérable pour les quelques pays européens qui les reçoivent", indique Vincent Cochetel.

Ces dernières semaines, quelques débarquements de migrants ont pu avoir lieu en Europe, comme celui de 79 personnes en Italie début mai. À Malte, le Premier ministre Robert Abela est visé par une enquête concernant la mort de migrants en mer que l'armée et les autorités sont accusées de ne pas avoir secourus.

>> L'interview de Vincent Cochetel dans La Matinale :

Vincent Cochetel, directeur Europe du Haut-Commissariat pour les réfugiés. [Anadolu Agency/AFP - Ayhan Mehmet]Anadolu Agency/AFP - Ayhan Mehmet
Le coronavirus ne dissuade pas les migrants de rejoindre l'Europe: interview de Vincent Cochetel / La Matinale / 6 min. / le 20 mai 2020

Demande d'un mécanisme de solidarité

Dans un courrier conjoint envoyé à la Commission européenne et que l'AFP a consulté, les ministres de l'Intérieur français, italienne, espagnol et allemand réclament l'établissement d'un "mécanisme de solidarité" pour la "recherche et le secours" en mer, expliquant notamment qu'"actuellement, une poignée d'Etats membres portent un fardeau excessif, ce qui démontre un manque de solidarité et risque de faire dysfonctionner l'ensemble du système".

En attendant qu'un hypothétique accord européen soit trouvé, et en l'absence de navires humanitaires, ce sont sur deux navires de tourisme que 162 migrants sont actuellement bloqués en mer.

AFP / Mouna Hussain / Aude Marcovitch

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