"L'indépendance est la seule option pour assurer la stabilité
politique et la viabilité économique du Kosovo", affirme Martti
Ahtisaari dans son rapport final transmis lundi au Conseil de
sécurité qui devrait en discuter en avril.
Supervision internationale
L'ex-président finlandais propose que l'indépendance s'exerce
"dans un premier temps" sous supervision internationale, civile et
militaire. Un représentant civil international, également
représentant de l'UE, sera nommé pour contrôler l'application du
statut.
La présence militaire internationale sera conduite par l'Otan.
Cette supervision sera "dotée de pouvoirs importants mais
précisément ciblés dans des domaines clés tels que les droits des
communautés, la décentralisation, la protection de l'Eglise
orthodoxe serbe et l'Etat de droit". Elle ne prendra fin que
lorsque le Kosovo aura "mis en oeuvre les mesures prévues dans la
Proposition de règlement".
Retour à la Serbie impossible
Martti Ahtisaari s'explique en estimant que "la réincorporation
à la Serbie n'est pas une option viable" car elle provoquerait "une
violente opposition". Une simple autonomie serait "intenable", tout
comme l'actuel statu quo car le Kosovo "ne saurait rester
indéfiniment sous administration internationale".
Le Kosovo, province du sud de la Serbie dont la population est à
90% albanaise, est administré par l'ONU depuis 1999, après des
bombardements de l'Otan pour faire cesser la répression du régime
de Slobodan Milosevic contre la guérilla des séparatistes
albanais.
Long processus
Annexée au rapport, la "Proposition globale de règlement" décrit
les "dispositions nécessaires à un futur Kosovo viable, durable et
stable". Une Constitution devra être élaborée par l'Assemblée
kosovare pendant une période de transition de 120 jours suivant
l'entrée en application du nouveau statut de la province, pendant
laquelle la Minuk (Mission de l'ONU au Kosovo) continuera d'exercer
son mandat.
A la fin de la transition, le mandat de la Minuk expirera, ses
pouvoirs étant transférés aux autorités du Kosovo. Des élections
générales et locales auront lieu dans les neuf mois à compter de
l'entrée en vigueur du nouveau statut. Ce plan est déjà en butte
aux critiques de la Serbie, farouchement opposée à l'indépendance
que réclament les Kosovars albanais, et de son allié traditionnel
la Russie.
afp/cab
Réactions contrastées
Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a appelé à une poursuite des négociations sur le statut, estimant que Martti Ahtisaari avait "épuisé ses ressources".
En revanche, les Etats-Unis soutiennent cette proposition d'une "indépendance surveillée", a indiqué à Bruxelles Nicholas Burns, numéro trois du département d'Etat, déclenchant l'ire de Belgrade.
Dans un entretien téléphonique avec Nicholas Burns, le président serbe, Boris Tadic, s'est déclaré "fermement opposé" au soutien des Etats-Unis à la proposition.
"Toute forme d'indépendance pour le Kosovo est inacceptable pour la Serbie", a réitéré Boris Tadic.
La présidence de l'UE, actuellement assurée par l'Allemagne, a apporté son "appui ferme" à la proposition qui, estime-t-elle, "constitue un compromis équitable, équilibré et porteur d'avenir".
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, estime que ce plan "contient tous les éléments nécessaires à une solution équitable et durable" et donne son "plein appui" au rapport, selon son service de presse.
Les dirigeants albanais du Kosovo ont salué lundi la proposition, qualifiant sa publication de "jour historique" pour les citoyens de la province. "L'indépendance du Kosovo servira à tous ses citoyens, à la majorité albanaise et à toutes les minorités", a affirmé le président Fatmir Sejdiu dans un communiqué.