La date de la canonisation n’est pas encore officielle, mais la figure de sainteté que constitue Charles de Foucauld a été valorisée par le Vatican. Déjà béatifié en l’an 2000, le religieux français voit ainsi reconnu son cheminement original, d’une existence dissolue de militaire noceur au dépouillement d’un ermitage désertique dans le Sahara.
Fêtard remuant
Le vicomte Charles de Foucauld de Pontbriand, né à Strasbourg en 1858, a mené une existence digne d’un roman d’aventures. Issu d’une famille noble qui s’est illustrée durant les croisades, il a été tout à tour un fêtard remuant, un officier de cavalerie rebelle, un explorateur de régions inconnues du Maroc, puis un religieux et un ermite. Il fut également linguiste, auteur d’un dictionnaire touareg-français. Son assassinat le 1er décembre 1916, durant la Première Guerre mondiale, par une bande de pilleurs ajoute à la légende du personnage dont l’influence n’a cessé de grandir au fil des décennies.
Charles de Foucauld est le fondateur d’une famille spirituelle (Petits Frères et Petites Sœurs de Jésus), il a inspiré des ordres religieux par sa recherche d’humilité et a ouvert des horizons nouveaux pour le christianisme.
Ermite barbu
Son évolution spirituelle marque toujours les esprits, cent ans après sa mort. Malgré une existence de noceur et d’officier mondain, il a été admiratif de la profonde foi des musulmans, en Afrique du Nord, découverte lors de son premier périple au Maroc, dans ses jeunes années. Son retour au christianisme l’a conduit jusqu’à une communion profonde avec la figure du Christ et au dépouillement austère d’un ermitage, à Tamanrasset, dans le Hoggar.
Se distanciant de ses déterminismes sociaux, il est devenu progressivement une sorte de frère universel, proche des musulmans dont il a partagé la vie rude. Les dernières photos de Charles de Foucauld le montrent en ermite barbu et mal fagoté, loin de l’image du brillant militaire rêvant de conquêtes féminines ou territoriales. Son ermitage de Tamanrasset attire encore des centaines de visiteurs chaque année.
Bernard Litzler/RTSreligion