Invité sur le plateau de la TSR pour le 19:30, l'ex-premier
ministre français n'a pas caché son inquiétude pour la candidate de
son parti Ségolène Royal. Evoquant la longue campagne qu'elle a
menée, Michel Rocard a rappelé que par le passé tous ceux qui
étaient partis trop tôt (dans la campagne) avaient perdu. Et de
citer Edouard Balladur, Raymond Barre, Jacques Chaban-Delmas et
lui-même.
Celui qui aurait préféré Dominique Strauss-Kahn a néanmoins
défendu Ségolène Royal contre Nicolas Sarkozy, "rejeté par toute
l'Afrique et le monde arabe". Michel Rocard a par ailleurs admis
que le centriste François Bayrou avait la "stature d'un
président".
Au moins 11 candidats
A l'expiration du délai de dépôt vendredi à 18h00 auprès du
Conseil constitutionnel, onze candidats à l'Elysée ont dit avoir
obtenu les 500 parrainages nécessaires pour se présenter. Un 12e,
José Bové, a laissé planer le suspense. L'altermondialiste a
déclaré qu'il «devrait avoir» les signatures requises pour être
candidat mais qu'il attendait lundi la confirmation du Conseil
constitutionnel, après validation pendant le week-end.
Le syndicaliste a réitéré implicitement sa menace de ne pas
appeler ses électeurs à se reporter sur le candidat de gauche au
deuxième tour si sa candidature était «bloquée». «Il y a une
volonté que nous ne soyons pas dans le jeu, une volonté très claire
de nous écarter parce que je crois qu'on dérange le jeu
constitutionnel», a-t-il estimé, mettant en avant le fait que les
Verts avaient déposé 600 parrainages en faveur de Dominique Voynet
alors que 500 seulement sont nécessaires.
Une épreuve pour les extrêmes
L'exercice ne présentait aucune difficulté pour les candidats
des partis représentés au parlement, à savoir Nicolas Sarkozy
(droite) - qui aurait déposé plusieurs milliers de parrainages - le
centriste François Bayrou, la socialiste Ségolène Royal ou la
communiste Marie-Georges Buffet.
Il était en revanche beaucoup plus difficile pour tous les autres,
malgré le fait qu'il y a pas moins de 36'000 maires en France. Le
leader d'extrême-droite Jean-Marie Le Pen, pourtant finaliste de la
présidentielle de 2002, a longtemps affirmé qu'il n'avait pas les
500 paraphes, avant de déposer suffisamment de parrainages
mercredi. Un autre représentant de la droite «dure», Philippe de
Villiers, a également franchi l'obstacle.
Très à gauche, en dehors de la candidate du parti communiste,
trois représentants de formations trotskistes sont assurés, comme
en 2002, de participer, dont Arlette Laguiller, qui concourt depuis
33 ans et pour la sixième fois. En 2002, elle avait rassemblé
5,72%, devançant le jeune Olivier Besancenot (4,25%), également de
nouveau en lice.
Besancenot et Laguiller ne sont toutefois actuellement plus
crédités que de 2% environ chacun, tandis que Gérard Schivardi du
Parti des Travailleurs, un maire anciennement socialiste d'une
commune rurale du sud, ne dépasse guère 0,5%.
Chasse et pêche: in extremis
Parmi les qualifiés "in extremis" figurent le dirigeant de
Chasse, Pêche, Nature et Traditions (CPNT) Frédéric Nihous, qui a
annoncé vendredi qu'il disposait d'"au moins" 655
parrainages.
ats/afp/ant
La liste
Voici les candidats ayant théoriquement obtenu au moins 500 parrainages:
François Bayrou, Union pour la démocratie française (UDF)
Olivier Besancenot, Ligue communiste révolutionnaire (LCR)
Marie-George Buffet, Parti communiste (Pour une gauche populaire et antilibérale)
Arlette Laguiller, Lutte ouvrière (LO)
Frédéric Nihous, Chasse, pêche, nature et traditions (CPNT)
Jean-Marie Le Pen, Front national
Ségolène Royal, Parti socialiste (PS)
Nicolas Sarkozy, Union pour un mouvement populaire (UMP)
Gérard Schivardi, candidat des maires, Parti des travailleurs (PT)
Philippe de Villiers, Mouvement pour la France (MPF)
Dominique Voynet, Verts
l'altermondialiste José Bové a déclaré qu'il «devrait avoir» les 500 signatures mais qu'il attendait la confirmation du Conseil constitutionnel
Eviter un nouveau 21 avril
La présence de 16 candidats en 2002, un record, avait contribué à l'éparpillement des voix des électeurs de gauche et à l'élimination du socialiste Lionel Jospin au premier tour.
La crainte d'un nouveau 21 avril a incité le Parti socialiste à interdire à ses élus d'accorder leur parrainage à d'autres candidats que Ségolène Royal.
D'abord muet sur la question, Nicolas Sarkozy a finalement lancé un appel incitant les élus à permettre à Jean-Marie Le Pen et à Olivier Besancenot de concourir.