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Toujours des violences à Minneapolis malgré l'inculpation d'un policier

Les émeutes s'étendent aux Etats-Unis suite au décès d'un afro-américain arrêté par des policiers blancs
Les émeutes s'étendent aux Etats-Unis suite au décès d'un afro-américain arrêté par des policiers blancs / 19h30 / 2 min. / le 30 mai 2020
Minneapolis a vécu sa quatrième nuit d'émeutes après la mort en début de semaine d'un Américain noir lors de son interpellation. Des manifestations ont également éclaté dans plusieurs villes américaines.

Le déploiement de 500 soldats de la Garde nationale et l'imposition d'un couvre-feu n'ont pas empêché la grande ville du Minnesota de s'embraser pour la quatrième nuit consécutive.

Des milliers de manifestants ont d'abord défilé pacifiquement en mémoire de George Floyd, un Afro-américain de 46 ans, mort lundi juste après son arrestation.

La situation dégénère durant la nuit

Mais dans la nuit, la situation a dégénéré auprès d'un commissariat du sud de la ville, avec plusieurs commerces incendiés, de nouveaux pillages et de nombreuses dégradations.

Les soldats et policiers anti-émeutes ont tiré des gaz lacrymogènes et des fumigènes pour éviter que ce commissariat ne subisse le même sort qu'un autre, incendié la veille au soir après avoir été déserté par ses occupants.

"La situation est extrêmement dangereuse", a lancé le gouverneur de l'Etat Tim Walz lors d'une conférence de presse improvisée au milieu de la nuit pour appeler au calme. "Il n'y a rien d'honorable à brûler votre ville", a renchéri, à ses côtés, le maire Jacob Frey.

>> Les précisions de Raphaël Grand, sur place, dans Forum :

Des manifestants face à la police à Minneapolis. [RTS - Raphaël Grand]RTS - Raphaël Grand
Manifestations violentes aux Etats-Unis après la bavure policière qui a causé la mort d’un homme. / Forum / 4 min. / le 30 mai 2020

Tensions dans tout le pays

La tension est également montée dans le reste du pays. Des centaines de personnes se sont rassemblées devant la Maison Blanche à Washington mais aussi à New York, Dallas, Houston, ville d'origine de la victime, ou encore Las Vegas, Des Moines, Memphis et Portland.

Des violences entre protestataires et policiers ont éclaté dans le quartier de Brooklyn, à New York, ainsi qu'à Atlanta, où des vitres du siège de CNN ont été brisées.

A Detroit, un manifestant de 19 ans a été tué par balles par un individu qui a foncé dans une foule de plusieurs centaines de personnes au volant d'une voiture de sport, et a ouvert le feu avant de prendre la fuite, selon des médias locaux.

>> Les critiques contre la police se multiplient aux Etats-Unis :

Les critiques contre la police se multiplient aux Etats-Unis: l'analyse de Gaspard Kuhn
Les critiques contre la police se multiplient aux Etats-Unis: l'analyse de Gaspard Kuhn / 19h30 / 1 min. / le 30 mai 2020

Un policier inculpé pour homicide involontaire

Partout, les manifestants ont dénoncé les bavures policières et les disparités raciales. Et surtout, ils ont exigé justice pour George Floyd qui, selon une vidéo devenue virale, semble avoir été asphyxié par la police.

Le policier blanc qui, sur ce film, maintient son genou pendant de longues minutes sur le cou du quadragénaire, a été arrêté vendredi et inculpé pour "homicide involontaire" et "acte cruel et dangereux ayant causé la mort".

La famille de la victime a salué ce développement comme un premier pas sur "la voie de la justice", mais l'a jugée "tardif" et insuffisant.

"Nous voulons une inculpation pour homicide volontaire avec préméditation. Et nous voulons voir arrêtés" les trois autres agents impliqués dans le drame, a-t-elle affirmé. Ces derniers ont immédiatement été licenciés, mais ne font encore l'objet d'aucune poursuite.

Donald Trump "comprend la douleur de la famille"

De son coté, Donald Trump a cherché à atténuer les propos controversés qu'il avait tenus un peu plus tôt sur Twitter, où il avait écrit que "quand les pillages commencent, les tirs commencent aussi", disant "comprendre la douleur" de la famille de George Floyd, avec laquelle il s'est entretenu.

"La famille de George a droit à la justice. Les habitants du Minnesota ont droit à la sécurité", a déclaré le président des Etats-Unis. "Les émeutiers ne devraient pas être autorisés à noyer les voix des nombreux manifestants pacifiques. Je comprends la souffrance, je comprends la douleur", a-t-il ajouté.

Reportage radio: Raphaël Grand

Adaptation web: lan avec les agences

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Un précédent en 2014

L'affaire rappelle la mort d'Eric Garner, un homme noir décédé en 2014 à New York après avoir été asphyxié lors de son arrestation par des policiers blancs. Lui aussi avait dit "Je ne peux pas respirer", une phrase devenue un cri de ralliement du mouvement Black Lives Matter ("La vie des Noirs compte").

"Trop c'est trop", a dit sa mère, Gwen Carr, à New York vendredi. "Il faut qu'ils arrêtent de venir dans nos quartiers et de terroriser et tuer nos jeunes".

Beyoncé réclame justice pour George Floyd

La star internationale de la chanson Beyoncé a réclamé samedi "justice" pour George Floyd et appelé à participer à une pétition ayant déjà récolté plus de 7 millions de signatures. "Nous avons besoin que justice lui soit rendue", déclare la chanteuse dans une vidéo d'une cinquantaine de secondes postée dans la nuit de vendredi à samedi sur Instagram.

"Nous avons tous été témoins de son meurtre en plein jour. Nous sommes brisés et écoeurés", a-t-elle exprimé sur fond de notes de piano. "Je ne parle pas qu'aux gens de couleur. Que vous soyez blanc, noir, métissé ou n'importe quoi d'autre, je suis sûre que vous vous sentez désespéré du racisme qui existe en Amérique aujourd'hui".

D'autres célébrités américaines se sont élevées pour dénoncer la mort de George Floyd. "Ces derniers jours, l'ampleur du désespoir, de la colère et de la tristesse que j'ai ressentis m'ont submergée", a ainsi confié la chanteuse Rihanna, également sur Instagram.