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Polémique autour du journaliste italien libéré

Daniele Mastrogiacomo a été échangé contre cinq détenus talibans
Daniele Mastrogiacomo a été échangé contre cinq détenus talibans
La polémique sur les conditions de la libération du journaliste italo-suisse aux mains des talibans enfle dans la Péninsule. Certains craignent que l'échange avec des détenus talibans ne crée un précédent dangereux.

Daniele Mastrogiacomo est rentré mardi à Rome après deux
semaines de captivité aux mains des talibans, qui ont affirmé avoir
obtenu en échange de la libération du reporter celle de cinq de
leurs responsables détenus.



Un ministre du gouvernement italien de Romano Prodi a ouvertement
critiqué mercredi les conditions de cette libération qui ont aussi
été dénoncées en privé par le ministre de la Défense Arturo Parisi,
selon la presse italienne. Le ministre des Infrastructures et
ancien procureur vedette Antonio Di Pietro a exprimé un "grand
soulagement pour le sauvetage d'une vie humaine mais aussi (son)
amertume pour l'humiliation que nous avons dû subir".

« Un chantage inacceptable »

L'Etat italien doit "maintenant fixer des limites précises pour
éviter d'être soumis à des chantages inacceptables qui risquent de
compromettre la crédibilité internationale" du pays, a déclaré
Antonio Di Pietro, connu pour sa liberté de parole. "C'est
maintenant le moment d'en finir avec des actes (...) qui finissent
par mettre en danger d'autres vies humaines et humilier
l'engagement de nos soldats", a-t-il critiqué, ajoutant que ces
derniers "sont là-bas pour arrêter des terroristes qui sont ensuite
libérés comme monnaie d'échange".



Selon la presse italienne de mercredi, les conditions de cette
libération ont aussi été dénoncées en privé par le ministre italien
de la Défense Arturo Parisi. "Tensions entre la Farnesina
(ministère des Affaires étrangères) et le ministère de la Défense",
a écrit le quotidien économique Il Sole-24 Ore, ajoutant que la
Défense "craint que la libération des cinq prisonniers afghans ne
constitue un précédent dangereux".

Un prix politique élevé

Selon le Corriere della Sera (modéré), le ministre de la Défense
Arturo Parisi a estimé en privé que "confier les négociations à
Gino Strada (fondateur de l'ONG italienne Emergency qui gère un
hôpital à Lashkar Gah, sud de l'Afghanistan) avait été une grave
erreur". Selon le ministre, toujours cité par le Corriere, "le prix
politique que nous avons déjà payé pourrait se révéler dans
l'avenir encore plus élevé".



"Après ce qui s'est passé, je me demande dans quel esprit nous
allons pouvoir opérer?", s'est interrogé le ministre à propos des
2000 soldats italiens stationnés en Afghanistan, selon le
quotidien. Selon La Stampa (libéral), le ministre de la Défense
estime que l'acceptation des conditions posées par les talibans "a
fait de tous les Italiens une cible prioritaire pour les seigneurs
de la guerre de Kaboul".



afp/jab

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« Des jeunes sans expérience humaine »

De son côté, Daniele Mastrogiacomo a raconté mercredi sa détention aux mains des talibans, de jeunes guerriers «sans culture ni expérience humaine», qui «vénèrent les armes» et la prière, selon lui.

«Les talibans sont d'abord des guerriers. Des gens habitués à manipuler des armes, à les utiliser, à les nettoyer, à les vénérer. Ce sont presque toujours les seules compagnes avec lesquelles ils partagent quelque chose», raconte le reporter de 52 ans, dans un long récit à son journal, La Repubblica.

«Nettoyer leur propre compagne de vie et de bataille était un rite qui pouvait les occuper au moins deux heures par jour», souligne-t-il à propos des talibans, «presque tous jeunes, entre 20 et 25 ans».

Mastrogiacomo décrit ses ravisseurs comme «de jeunes garçons pauvres, sans culture ni expérience humaine, sexuelle, émotive, sentimentale».

Plusieurs fois, ajoute-t-il, ceux-ci ont tenté «avec sincérité» de le convaincre de se convertir à l'islam. Dans un article, le reporter explique qu'il est allé dans la province d'Helmand - que la plupart des journalistes étrangers jugent trop dangereuse - afin d'interviewer un responsable taliban mais qu'il a été enlevé en chemin.

En bonne santé Il a raconté lundi avoir été témoin de l'assassinat de son chauffeur. Son interprète est toujours retenu en otage.