Lors d'une audience préliminaire dans la matinée, l'accusation a
demandé l'abandon des poursuites pour faux témoignage contre le
colonel Jordan, 51 ans, ancien responsable du centre
d'interrogatoires où ont été prises les photos montrant des
prisonniers humiliés et maltraités.
Le colonel était accusé d'avoir menti au général George Fay,
chargé de l'une des enquêtes du Pentagone sur le scandale. Il avait
affirmé qu'il n'avait jamais été témoin de sévices ni vu de détenus
nus. Mais ces déclarations sont désormais irrecevables: selon
l'accusation, le général Fay s'est rendu compte il y a quelques
jours qu'il avait oublié de rappeler ses droits de garder le
silence au colonel Jordan avant de l'interroger.
Quatre chefs d'inculpation
Le colonel Jordan a toutefois plaidé non coupable des faits qui
lui sont encore reprochés. L'officier reste poursuivi pour quatre
chefs d'inculpation, notamment obstruction à la justice et
manquement au devoir. Il risque désormais un total de 8 ans et six
mois de prison, contre 16 ans et 6 mois lorsqu'il devait aussi
répondre de faux témoignage.
Le colonel Jordan est accusé d'avoir, à une occasion, forcé des
prisonniers à se dénuder et de les avoir menacés avec des chiens
d'attaque, un incident qui n'a pas été photographié. Il a discuté
du scandale avec d'autres témoins potentiels alors qu'il avait reçu
l'ordre de ne pas communiquer avec eux.
D'une manière plus générale, l'armée lui reproche aussi son manque
de «leadership». Accaparé par les questions logistiques, il n'a pas
cherché à superviser les interrogatoires, laissant livrés à
eux-mêmes des soldats mal formés et sous pression. Le procès doit
durer deux semaines.
Onze soldats jugés
Plus de trois ans après la publication des photos montrant des
prisonniers irakiens humiliés par leurs gardiens américains, seuls
onze soldats ont été jugés. Ils ont été condamnés à des peines
allant de quelques heures de travaux d'intérêt général à 10 ans de
prison.
La plupart ont assuré avoir simplement obéi aux ordres, mais aucun
des hauts responsables civils et militaires de la défense n'a été
poursuivi. Seule la commandante des prisons américaines en Irak à
l'époque, l'ex-générale Janis Karpinski, a été sanctionnée par une
rétrogradation, sans passer devant la justice militaire.
Sur les photos qui ont fait le tour du monde, on voit des détenus
nus, empilés sur le carrelage de la prison, attachés à des fils
électriques, sous la menace de chiens d'attaque, la tête couverte
de sous-vêtements féminins ou contraints de parader nus devant des
gardiennes américaines.
ats/cab/ant
Les photos du scandale
Sur les photos prises à la prison d'Abou Ghraïb, on a pu voir des prisonniers nus, empilés sur le carrelage de la prison, attachés à des fils électriques, sous la menace de chiens d'attaque, la tête couverte de sous-vêtements féminins ou contraints de parader nus devant des gardiennes américaines.
Ces images ont définitivement coupé l'élan de sympathie internationale envers les Etats-Unis suscité par les attentats du 11-Septembre.
Erreur et "pommes pourries"
L'année dernière, le président George W.Bush a estimé que ce scandale représentait la «plus grosse erreur» commise par son pays en Irak.
Le ministre de la Défense d'alors, le controversé Donald Rumsfeld, a assuré avoir présenté sa démission à deux reprises au plus fort du scandale, tout en maintenant que les sévices n'étaient le fait que de «quelques pommes pourries» au sein d'une armée de centaines de milliers de soldats.