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Malaise chez Facebook qui refuse de policer les messages de Donald Trump

Mark Zuckerberg a refusé de sanctionner des propos polémiques du président Trump. [Keystone/AP - Marcio Jose Sanchez]
Malaise chez Facebook qui refuse de policer les messages de Trump / Le Journal horaire / 19 sec. / le 1 juin 2020
Le clash entre Twitter et Donald Trump éclabousse Facebook, en position délicate depuis que son patron, Mark Zuckerberg, a refusé de sanctionner des propos polémiques du président. Ce refus a été publiquement dénoncé par des employés, un phénomène rare dans la Silicon Valley.

"Mark a tort, et je vais m'efforcer de le faire changer d'avis en faisant beaucoup de bruit", a tweeté dimanche Ryan Freitas, directeur du design pour le News Feed (fil d'infos) de Facebook. Il précise avoir rassemblé une cinquantaine de personnes du même avis.

A l'origine de ce désaccord figure deux interventions sans précédent de Twitter la semaine dernière contre des messages de Donald Trump.

La plateforme a d'abord signalé deux tweets du président américain sur le vote par correspondance avec la mention "vérifiez les faits".

>> Lire : Le bras de fer entre Donald Trump et Twitter se durcit aux Etats-Unis

Pas un rôle d'arbitre, selon Zuckerberg

Mark Zuckerberg a alors rappelé sur Fox News que les plateformes, selon lui, ne devaient pas jouer le rôle "d'arbitres de la vérité en ligne", une interview retweetée par Donald Trump.

Vendredi, Twitter a masqué un autre message du locataire de la Maison Blanche, sur les affrontements à Minneapolis après la mort d'un homme noir, George Floyd, pour violation des directives du réseau sur l'apologie de la violence.

"Les pillages seront immédiatement accueillis par les balles", déclarait Donald Trump au sujet des manifestations qui dégénèrent en émeutes.

Liberté d'expression

Ces propos apparaissent aussi sur Facebook, mais Mark Zuckerberg a décidé de les laisser visibles, "après avoir hésité toute la journée".

Dans un post sur son profil, il dit condamner à titre "personnel" la "rhétorique clivante et incendiaire" du président, mais n'entend pas supprimer les messages, au nom de la liberté d'expression et de l'intérêt du public à s'informer.

"Je sais que beaucoup de gens sont mécontents (...), mais notre position est de faciliter le plus d'expression possible, à moins d'un risque imminent d'atteinte aux autres ou de dangers tels que décrits dans notre règlement".

Employés mécontents

Twitter et Facebook ont mis en place des systèmes de lutte contre les contenus dangereux (appels à la haine, harcèlement...) et contre la désinformation.

Mais Facebook exempte les personnalités et candidats politiques de l'essentiel de ces mesures.

"Je ne sais pas quoi faire, mais je sais que ne rien faire n'est pas acceptable. Je suis un employé de Facebook en désaccord complet avec la décision de Mark de ne rien faire au sujet des posts récents de Trump, qui incitent clairement à la violence", a tweeté samedi Jason Stirman, un responsable en recherche et développement de la société, passé par Twitter.

"Je ne suis pas seul chez Facebook. Il n'y a pas de position neutre sur le racisme", a-t-il ajouté. De fait, plusieurs autres salariés ont pris la parole dimanche. "Je pense que le tweet de Trump (sur les pillages) encourage la violence extra-judiciaire et attise le racisme. Respect à l'équipe de Twitter", écrit David Gillis, un designer.

"Ne rien faire n'est pas faire preuve d'audace. C'est ce que ressentent beaucoup d'entre nous", abonde Nate Butler, aussi développeur.

afp/lan

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