Déscolarisation, violence domestique, malnutrition, exploitation, les impacts de la crise actuelle se feront sentir sur le long terme, estiment les spécialistes. On craint surtout que des enfants qui sont déscolarisés ne retournent jamais à l'école et se mettent à travailler pour amener des revenus additionnels aux ménages, notamment dans les zones de conflit.
Selon l'ONG KidsRights, les droits des enfants à travers le monde sont ainsi "gravement affectés" par la crise, qui augmente les risques de travail et de mariage forcés.
Et quand on sait que le seul repas important de la journée est donné à l'école dans certaines régions du monde, la malnutrition est aussi une menace bien réelle, regrette Barbara Hintermann, directrice de l’ONG Terres des hommes, lundi dans le 12h30.
Hausse de 15% de la pauvreté
Selon une étude conjointe de l'ONG Save the Children et de l'agence onusienne Unicef publiée cette semaine, les conséquences économiques de la pandémie pourraient pousser jusqu'à 86 millions d'enfants supplémentaires dans la pauvreté d'ici la fin de l'année.
Au total, 672 millions d'enfants seraient alors touchés par la pauvreté, soit une augmentation de 15% par rapport à l'année précédente. Près des deux tiers de ces enfants vivent en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud.
L'Amérique du Sud et les Caraïbes vivement touchées
L'Amérique du Sud et les Caraïbes pourraient être vivement touchées par cette hausse de la pauvreté, selon l'étude qui s'appuie sur des projections de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international ainsi que des données démographiques dans une centaine de pays.
Seize millions d'enfants sont concernés dans ces régions et près d'un enfant sur deux (46%) sera pauvre d'ici la fin de l'année, soit une hausse de 22% par rapport à 2019 .
Selon les deux organisations, la crise économique générée par le Covid-19 va notamment creuser l'écart entre les enfants des familles pauvres et ceux des familles riches, alors que le PIB en Amérique latine et dans les Caraïbes devrait connaître une baisse de 5,3%.
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boi avec afp
Appel pour une action immédiate
Avec une action immédiate et efficace, "nous pouvons contenir la menace de la pandémie pesant sur les pays les plus pauvres et certains des enfants les plus vulnérables", juge de son côté Inger Ashing, patronne de Save the Children. Ils sont "très vulnérables à des périodes de faim même courtes et à la malnutrition qui peuvent les affecter durant toute leur vie".
Save the Children et l'Unicef demandent notamment aux gouvernements d'étendre rapidement leurs systèmes de couverture sociale et l'alimentation dispensée dans les écoles pour limiter les effets de la pandémie.