Le décret sur le refinancement des missions militaires
italiennes à l'étranger a été adopté par 180 voix sur 315, dont
celles d'une vingtaine de sénateurs de l'opposition. Deux membres
de la coalition de centre-gauche au pouvoir l'ont rejeté, alors que
132 élus se sont abstenus.
Instrumentalisation dénoncée
«C'est un vote positif», s'est félicité le ministre des affaires
étrangères Massimo D'Alema, en l'absence du chef du gouvernement,
en voyage au Brésil. Il a dénoncé les tentatives «mesquines
d'instrumentalisation» de ce dossier par le chef de l'opposition
Silvio Berlusconi.
Dans son intervention devant les sénateurs avant le vote, Massimo
D'Alema s'était efforcé de ménager à la fois le centre-droit, en se
disant prêt à renforcer l'équipement des soldats en Afghanistan, et
la gauche radicale, en excluant leur engagement dans des opérations
de combat. Une perspective que la gauche pacifiste (communistes et
Verts), favorable au retrait italien d'Afghanistan, ne saurait
accepter.
Un mois après une démission
Ce succès intervient pour Romano Prodi un mois après la
démission qu'il a remise au chef de l'Etat à la suite de l'échec de
son gouvernement lors d'un vote de politique étrangère, cet
événement l'ayant contraint à obtenir de nouveau la confiance du
parlement. Romano Prodi avait obtenu 162 voix lors du vote de
confiance le 28 février, mais seulement 158 votes, une semaine plus
tôt lors du débat sur la politique étrangère.
Après avoir dit qu'il soutiendrait le texte et l'avoir
effectivement voté à la Chambre des députés le 8 mars, Berlusconi,
qui a juré la perte de son rival, a annoncé que son parti Forza
Italia s'abstiendrait au Sénat, ce qui équivaut à voter contre à la
chambre haute où la majorité ne dispose que de deux voix
d'avance.
L'ambassadeur américain à Rome Ronald Spogli avait affirmé que
«les Etats-Unis souhaiteraient naturellement que ce décret soit
adopté car nous pensons que la présence militaire (italienne) en
Afghanistan est très importante». Au-delà de la mission en
Afghanistan, le vote de mardi concerne le financement de 22
missions militaire à l'étranger, impliquant plus de 8000 militaires
italiens dans 18 pays.
afp/cab
Revirement de Berlusconi
Alors que c'est sous sa direction que Rome avait décidé d'envoyer environ 2000 soldats en Afghanistan, Silvio Berlusconi a justifié son opposition à la mission en Afghanistan par le fait que la «situation dans ce pays s'est beaucoup aggravée, notamment en raison du comportement dévastateur en matière de politique étrangère du gouvernement».
Il faisait allusion aux conditions de la libération récente d'un journaliste italo-suisse échangé contre cinq rebelles talibans. Cet échange a été vivement dénoncé par Washington, dont Berlusconi est l'allié inconditionnel, et encore mardi à Bruxelles lors d'une réunion des représentants des pays membres de l'OTAN.
L'attitude de Berlusconi a été dénoncée par le chef de l'UDC Pier Ferdinando Casini. «Dans toute l'Europe, le centre-droit ne vote pas contre ses soldats. Cela n'arrive qu'en Italie», a-t-il déploré après le vote.
Il avait estimé plus tôt que refuser le décret serait «irresponsable», évoquant le sort des «8000 militaires italiens qui luttent contre le terrorisme dans plusieurs régions du monde».