Neuf jours après la mort à Minneapolis de George Floyd, un homme noir asphyxié par un policier blanc, la vague de contestation historique ne connaît pas de répit.
Au moins 60'000 personnes ont rendu hommage mardi au défunt lors d'un rassemblement pacifique à Houston, ville du Texas où il a grandi et où il doit être enterré la semaine prochaine. "Nous voulons qu'ils sachent que George n'est pas mort en vain", a lancé le maire de la ville, Sylvester Turner.
A Los Angeles, le maire Eric Garcetti a posé avec des policiers un genou à terre, symbole depuis 2016 de la dénonciation des violences policières contre la minorité afro-américaine.
Pillages à New York
A Washington, plusieurs milliers de personnes, dont la sénatrice démocrate Elizabeth Warren, ont manifesté jusque tard dans la soirée, bravant le couvre-feu décrété par la municipalité à partir de 19h00. Les abords de la Maison Blanche ont été bloqués par des barrières de métal, empêchant toute confrontation directe avec les forces de l'ordre.
La capitale américaine, où plus de 300 manifestants ont été arrêtés lundi soir, "était l'endroit le plus sûr de la planète la nuit dernière", a salué sur Twitter Donald Trump, assumant le positionnement de président de "la loi et de l'ordre".
A New York, où plusieurs grands magasins de la célèbre 5e Avenue ont été pillés lundi soir, le couvre-feu nocturne a été avancé à 20h00 et prolongé jusqu'à dimanche.
L'armée comme menace
Depuis une semaine, les troubles se sont propagés dans plus d'une centaine de villes américaines, avec des milliers d'arrestations et plusieurs morts. Donald Trump a rendu hommage mardi soir à un ancien policier tué sur une scène de pillage à St-Louis (Missouri).
Dans une allocution musclée, le président des Etats-Unis avait annoncé lundi soir le déploiement de "milliers de soldats lourdement armés" et policiers à Washington pour mettre fin "aux émeutes" et "aux pillages". Et il avait appelé les gouverneurs à "dominer les rues" tout en menaçant d'envoyer l'armée "pour régler rapidement le problème à leur place" s'ils n'agissaient pas selon ses directives.
"I can't breathe"
George Floyd, un homme de 46 ans, est décédé le 25 mai en répétant "I can't breathe" ("Je ne peux pas respirer"), gisant par terre, menotté et avec le cou sous le genou d'un policier, dont les collègues sont restés passifs.
Les autopsies ont confirmé que la mort était due à la pression au niveau de son cou.
L'auteur des faits a été licencié par la police puis arrêté et inculpé pour homicide involontaire. Mais les protestataires et la famille de George Floyd veulent que les trois autres policiers ayant participé à l'arrestation soient aussi poursuivis.
ats/gma
Une tournure politique
La crise, dans un pays déjà extrêmement divisé, prend une tournure de plus en plus politique. Le candidat démocrate à la présidentielle du 3 novembre, Joe Biden, a accusé mardi Donald Trump d'avoir "transformé ce pays en un champ de bataille miné par de vieilles rancunes et de nouvelles peurs".
Lors d'un déplacement à Philadelphie, il a promis de "guérir les blessures raciales qui meurtrissent notre pays depuis si longtemps".
Face aux protestations, qui interviennent dans des Etats-Unis où les inégalités sociales et raciales sont déjà exacerbées par la pandémie de Covid-19, Donald Trump est resté silencieux jusqu'ici sur les réponses aux maux dénoncés par les manifestants.
Et n'a que très brièvement évoqué la "révolte" des Américains face aux conditions de la mort de George Floyd.