"Je ne suis pas favorable à décréter l'état d'insurrection" qui permettrait au président américain Donald Trump de déployer des soldats d'active face à des citoyens américains, et non plus des réservistes de la Garde nationale, a déclaré Mark Esper au cours d'une conférence de presse.
"L'option d'utiliser les soldats de l'armée d'active ne devrait être employée qu'en dernier ressort et dans les situations les plus urgentes et les plus dramatiques. Nous ne sommes pas dans ce genre de situations aujourd'hui", a ajouté Mark Esper.
La nuit de mardi à mercredi a été plus calme, avec seulement des actes de pillages localisés succédant à une journée de grandes marches pacifiques. Lundi, alors que la situation dégénérait en émeutes dans de nombreuses villes, le président Trump avait menacé de déployer les troupes "pour régler rapidement le problème", des propos immédiatement dénoncés par l'opposition, qui y avait vu une dérive autocratique.
Marche arrière sur une expression critiquée
Mark Esper avait été vivement critiqué la veille pour avoir parlé des rues américaines comme d'un "champ de bataille".
Comme un haut responsable du Pentagone l'avait dit la veille sous le couvert de l'anonymat, invoquant le "jargon militaire", Mark Esper a justifié l'usage de ce terme par son passé d'officier de l'armée de Terre.
"Cela fait partie du lexique militaire avec lequel j'ai grandi. C'est ce que nous utilisons de façon routinière pour décrire une zone d'opérations", a-t-il expliqué. "Ce n'est pas une formule dirigée contre la population et certainement pas contre nos concitoyens américains, comme certains l'ont suggéré."
ats/ther
Deux utilisations dans l'histoire américaine
Aux Etats-Unis, l'état d'insurrection (Insurrection Act en anglais) n'a été activé que par deux présidents depuis 1945. Lyndon B. Johnson en 1967-68 (émeutes raciales) et George H. W. Bush en 1992 (émeutes de Los Angeles après l'acquittement de policiers blancs qui avait passé à tabac un automobiliste noir, Rodney King). Dans les deux cas, l'armée avait alors été déployée à la demande et avec le consentement de gouverneurs s'estimant débordés.
De son côté, Donald Trump envisage de pouvoir faire intervenir l'armée d'active sans le consentement des autorités locales, au nom des alinéas 252 et 253 de l'Insurrection Act.
Enfin, rappelons qu'aux Etats-Unis, le secrétaire à la Défense peut publiquement reconnaître un désaccord sur l'emploi ou non de l'Insurrection Act mais que si le président ordonne son activation, il est alors contraint de s'exécuter.