"Certains protestataires vêtus de noir sont en train de bloquer des routes à Mongkok, Hong Kong. Les policiers procèdent maintenant à des arrestations", a annoncé la police sur Twitter, en référence à un quartier commerçant populaire dans la ville.
Dans cette partie de la ville, un témoin a rapporté que la police avait fait usage de gaz au poivre pour disperser des manifestants, qui tentaient notamment d'ériger des barrages de fortune.
Manifestation interdite
Pour la première fois en trente ans, la police n'avait pas autorisé le traditionnel hommage aux victimes qui se tient chaque année dans le Parc Victoria, en invoquant les restrictions liées au coronavirus.
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Alors que les Hongkongais se préparaient à marquer l'événement (lire encadré) en ordre dispersé sur tout le territoire, quelques manifestants ont retiré les barrières qui avaient été installées autour de ce grand espace vert de l'île de Hong Kong, ce qui a permis à une foule sans cesse plus nombreuse de venir noircir les terrains de football en scandant des slogans du mouvement pro-démocratie.
Beaucoup portaient un t-shirt noir avec l'inscription "Vérité" en blanc. "Debout pour Hong Kong", lançaient les manifestants, quand d'autres agitaient des drapeaux pour l'indépendance.
Déployée aux abords du parc, la police n'est dans un premier temps pas intervenue. Vers 20h (14h en Suisse), tous ont allumé des bougies dans le Parc Victoria, comme dans de nombreux quartiers d'un territoire qui a connu en 2019 sa pire crise politique depuis sa rétrocession en 1997.
Ingérences chinoises
Hong Kong a vécu de juin à décembre au rythme de manifestations et actions quasi-quotidiennes, et parfois violentes, pour dénoncer les ingérences grandissantes de la Chine. Et nombre d'habitants s'inquiètent désormais d'une reprise en main très ferme par le pouvoir central communiste.
Nouvelle illustration des tensions politiques, le Conseil législatif (LegCo), le Parlement hongkongais, a finalement adopté jeudi après-midi dans des conditions houleuses un texte très controversé criminalisant tout outrage à l'hymne national chinois.
Les élus de l'opposition pro-démocratie se sont refusés à participer à ce vote perdu d'avance, et l'un d'eux a même déversé un mélange fétide d'engrais liquide dans la chambre pour perturber la séance.
Les adversaires du texte y voient la dernière tentative en date de Pékin pour rogner les libertés locales théoriquement garanties jusqu'en 2047 par l'accord de rétrocession. Et le fait qu'elle soit votée le jour anniversaire de Tiananmen n'a fait qu'accroître leur émoi.
sjaq et les agences
Tiananmen, un sujet tabou en Chine
La sanglante intervention de l'armée chinoise dans la nuit du 3 au 4 juin 1989 avait mis fin à sept semaines de manifestations d'étudiants et d'ouvriers contre la corruption et pour la démocratie en Chine. La répression avait fait entre plusieurs centaines et plus d'un millier de morts.
Le sujet est tabou en Chine. Jeudi matin à Pékin, un photographe de l'AFP a été stoppé par la police, qui l'a obligé à effacer la plupart de ses clichés, alors qu'il circulait près de Tiananmen.
Voilà trente ans qu'une veillée attire immanquablement des foules à Hong Kong, seul endroit du pays où l'événement est commémoré, ce qui illustre les libertés uniques dont jouit le territoire autonome, revenu dans le giron chinois en 1997. Mais pour la première fois en trois décennies, la veillée n'avait pas été autorisée par la police qui avait cité les risques liés au Covid-19, les rassemblements de plus de huit personnes restant interdits.
En échange, les organisateurs avaient appelé les habitants à allumer des bougies là où ils se trouvaient. Un peu partout dans la ville, des stands avaient été dressés pour distribuer des bougies aux personnes rentrant du travail.