Les membres du Conseil "expriment leur profonde préoccupation à
la suite de la capture par les Gardiens de la révolution iraniens
de 15 marins britanniques et de la poursuite de leur détention", a
déclaré à la presse l'ambassadeur d'Afrique du Sud, Dumisani
Kumalo.
Les Quinze "appellent le gouvernement iranien à permettre un accès
consulaire aux quinze marins". Ils "soutiennent les appels déjà
faits, y compris par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, à
une prompte résolution du problème, qui inclut la libération de ces
personnels", conclut le texte.
Le frein de la Russie
La déclaration a largement été édulcorée à la demande de la
Russie, opposée à une mention de la localisation du lieu de la
capture, point de contentieux entre Londres et Téhéran, et à un
appel à la libération "immédiate" des marins. Faisant contre
mauvaise fortune bon coeur, la Grande-Bretagne s'est déclarée
satisfaite du texte adopté par la Conseil de sécurité.
Une porte-parole du Foreign Office a souligné qu'il représentait
ce à quoi "avait travaillé" le Royaume Uni, se félicitant de
l'unanimité obtenu au sein du Conseil et faisant valoir qu'il
fallait maintenant "aller de l'avant". "Notre position est claire,
nous voulons leur libération immédiate (des 15 prisonniers)", a
toutefois rappelé la porte-parole.
Violation des eaux territoriales?
L'Iran affirme que les marins capturés le 23 mars dans le Golfe
se trouvaient dans ses eaux territoriales, Londres assurant qu'ils
se trouvaient dans les eaux irakiennes. Téhéran a exigé jeudi soir
que la Grande-Bretagne reconnaisse une violation de ses eaux
territoriales par les quinze militaires. Les dirigeants
britanniques "doivent accepter que cette violation s'est produite,
cela aidera à régler l'affaire", a déclaré le chef de la diplomatie
iranienne Manouchehr Mottaki à la télévision d'Etat.
Pour la première fois, un militaire iranien, le général Setareh a
présenté jeudi à la télévision des cartes maritimes et un appareil
GPS pour prouver selon lui que les marins étaient bien entrés dans
les eaux iraniennes.
Excuses de deux marins
Deux des 15 marins britanniques capturés la semaine dernière ont
"avoué" être entré illégalement dans les eaux iraniennes. Ils ont
présenté des excuses au peuple iranien, rapporte vendredi l'agence
iranienne Irna. "Nous sommes entrés dans les eaux iraniennes sans
autorisation et avons été arrêtés par les garde-frontières iraniens
et j'aimerais présenter des excuses pour cela au peuple iranien", a
dit l'un deux, cité par l'agence officielle.
"Depuis notre arrestation, tout va bien et je suis tout à fait
satisfait des conditions", a-t-il ajouté. Mercredi, la télévision
iranienne a diffusé des images des 15 marins arrêtés le 23 mars
dans le Golfe, et des extraits d'une lettre dans laquelle la seule
femme du groupe expliquait qu'il était "apparemment" entré dans les
eaux iraniennes.
afp/sun
Fuite en avant
La crise entre l'Iran et la Grande-Bretagne était encore montée d'un cran jeudi avec la rupture des relations bilatérales par Londres, puis le changement d'avis de Téhéran revenu sur sa promesse de libérer Faye Turney, 26 ans.
Téhéran a mis en cause l'attitude "incorrecte" de Londres, qui a appelé à faire pression sur l'Iran. "L'attitude de Londres constitue une fuite en avant", a accusé Ali Larijani, secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien.
"Au lieu d'envoyer une équipe technique pour examiner le problème, ils ont fait du tapage médiatique, annoncé le gel des relations, parlé du Conseil de sécurité", a affirmé M. Larijani.
La veille, le ministère des Affaires étrangères avait annoncé que Faye Turney serait relâchée "d'ici un ou deux jours", après la diffusion par une télévision iranienne des premières images des marins depuis leur capture.
Dans ces images, Faye Turney, coiffée d'un voile, admettait, dans une déclaration en anglais et dans une première lettre à sa famille qui lui était attribuée par la TV, que les marins avaient pénétré dans les eaux iraniennes.
Le Premier ministre britannique Tony Blair a répliqué en s'engageant à "accentuer la pression" sur l'Iran, affirmant disposer "de toute une série de mesures", et a dénoncé comme une "honte" la diffusion d'images de la jeune femme.
La Turquie en sauveuse?
Un début d'ouverture pourrait venir de la Turquie avec une demande d'Ankara en faveur de la libération de la jeune femme.
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad s'est dit prêt à examiner avec un "regard positif" cette demande, selon la télévision d'Etat iranienne.