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L'attaque de Mattis contre Trump, un "coup de tonnerre", selon une experte

L'invitée d'actualité (vidéo) - Françoise Coste, historienne spécialiste des États-Unis
L'invitée d'actualité (vidéo) - Françoise Coste, historienne spécialiste des États-Unis / L'invité-e d'actualité / 8 min. / le 5 juin 2020
La tribune publiée par l'ancien ministre américain de la Défense Jim Mattis contre le président Donald Trump est un "coup de tonnerre", estime Françoise Coste, historienne et spécialiste de la politique intérieure américaine.

Y a-t-il de l'eau dans le gaz entre Donald Trump et son parti? L'attitude du président américain dans la gestion de la crise George Floyd provoque en tout cas un malaise chez plusieurs représentants républicains et dans le camp conservateur. Ils n'approuvent pas la réaction musclée de la Maison Blanche face à des manifestants en début de semaine.

Et dans une tribune assassine, l'ancien ministre de la défense de Donald Trump, le général Jim Mattis, militaire conservateur et respecté, accuse avec des mots très durs le président de se moquer de la Constitution, d'être un danger pour le pays et d'être le premier président à désunir les Etats-Unis. Il lui reproche aussi l'emploi de la force militaire contre les citoyens. Des propos salués par certains républicains.

>> Lire aussi : Le ministre américain de la Défense opposé au déploiement de l'armée

"Ces mots sont un signal"

"Mattis est quelqu'un qui est adulé dans l'armée américaine", a souligné Françoise Coste vendredi dans La Matinale. "La fait que lui, ex-ministre de la Défense, soit si violent contre Trump, c'est un coup de tonnerre."

Et d'estimer qu'à long terme, "ces mots sont un signal pour les civils, pour nous faire comprendre que ce qui se passe à l'interne est très grave et que Trump veut militariser la vie publique. Et ça, personne ne l'a jamais fait, et c'est un signe de crise profond. C'est un signal d'alarme que Mattis envoie".

La loi et l'ordre

Pour sa campagne en vue de l'élection présidentielle de novembre, la stratégie de Donald Trump est de consolider sa base, pas de l'élargir, car il pense que si sa base vote, cela suffira pour gagner, analyse l'historienne.

Son discours basé sur "la loi et l'ordre" plaît justement à la base. "La base de Trump veut un président macho, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds par qui que ce soit, et le président l'a très bien compris et il sait le faire".

Une sénatrice réagit aussi

Certains poids lourds du parti républicain se démarquent toutefois de Donald Trump et les critiques fusent. Jeudi, la sénatrice républicaine d’Alaska Lisa Murkowski a confié se ranger du côté de l’ancien chef du Pentagone. Un peu plus tôt, c’était son successeur, l’actuel ministre de la Défense Mark Esper, qui avait refusé d'envoyer l’armée pour maîtriser des civils.

La sénatrice Lisa Murkowski a remercié le général Mattis, affirmant qu’il était temps et nécessaire que ces mots-là soient prononcés. Elle a même avoué qu’elle ne savait pas si elle soutiendrait Donald Trump à l’élection de novembre prochain. Sa prise de position est vue comme une déclaration de conscience, qui pourrait entraîner d’autres défections dans le camp républicain.

>> Ecouter le sujet de La Matinale :

L'ancien ministre de la Défense James Mattis a lancé une charge assassine contre Donald Trump. [AP Photo - Richard Drew]AP Photo - Richard Drew
Certains républicains lâchent Donald Trump. / La Matinale / 1 min. / le 5 juin 2020

Pour Françoise Coste, des critiques en public, comme celles de Lisa Murkowski, demeurent pour l'instant anecdotiques, car elles sont rares. "Mais en privé, en 'off', il y a beaucoup de républicains, en particulier au Sénat, qui sont en train de peut-être regretter d'avoir soutenu Donald Trump lors de la procédure de destitution en janvier."

Car selon l'historienne, beaucoup d'entre eux doivent se dire que si Trump avait dû partir en janvier et avait été remplacé par Mike Pence, ce dernier aurait sans doute mieux géré à la fois la crise du Covid-19 et celle des émeutes raciales, et que le parti républicain serait un peu en meilleure posture pour les élections qui arrivent en novembre. Mais pour l'instant, l'emprise de Trump est tellement forte que le parti tient et fait bloc derrière lui, explique Françoise Coste. 

Interview et sujet radio: Romaine Morard et Carrie Nooten

Adaptation web: Jean-Philippe Rutz

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