Le tribunal du diocèse de Rome a clos solennellement lundi son
enquête sur la vie et l'oeuvre du «serviteur de Dieu» Karol
Wojtyla, vénéré comme un saint par ses compatriotes polonais dés
avant sa mort le 2 avril 2005, à 84 ans, après 26 ans de
pontificat.
Ce processus requiert en général des dizaines d'années, voire,
dans certains cas, plusieurs siècles. En mai 2005, Benoît XVI avait
dérogé aux règles de l'Eglise en ouvrant le procès en béatification
et en canonisation du défunt sans observer le délai de cinq ans
normalement requis.
La congrégation pour la cause des saints au Vatican va maintenant
prendre le relais, examinant la masse de documents de la cause de
Jean Paul II, dont celui de la guérison «miraculeuse» de la
religieuse française.
Spéculations
Modestement assise derrière plusieurs rangées de prélats, la
religieuse mystérieusement guérie en juin 2005 de la maladie de
Parkinson - la maladie dont Jean Paul II est mort - a assisté à la
dernière séance du tribunal dans la basilique St-Jean de Latran,
noire de monde.
Sa guérison inexpliquée pourrait fournir le miracle nécessaire à
une éventuelle béatification. Si le Saint-Siège estime que la
guérison de la religieuse française relève bien d'un miracle, la
preuve d'une deuxième guérison inexpliquée devra encore être
apportée pour que l'on passe à l'étape suivante, la
canonisation.
La religieuse a ensuite assisté avec la même discrétion à la
messe, sur une place Saint-Pierre loin d'avoir fait le plein,
durant laquelle le pape Benoît XVI a vanté «la dimension
d'universalité» de Jean Paul II, alimentant les spéculations sur
une possible canonisation rapide du pontife polonais, sans passer
par le stade de la béatification.
«Pas pressés»
«Nous ne sommes pas pressés, le travail doit être bien fait», a
cependant déclaré lundi à des journalistes le cardinal Stanislaw
Dziwisz, archevêque de Cracovie et ancien secrétaire de Jean Paul
II.
Avant lui le cardinal José Saraiva Martins, préfet de la
Congrégation pour la cause des saints à qui revient la tâche
d'achever le procès en béatification, avait déclaré: «si j'étais
Jean Paul II, je voudrais moi-même une enquête extrêmement
rigoureuse».
Le pape défunt, consulté, avait lui-même refusé de faire brûler
les étapes au procès en béatification de mère Teresa de Calcutta,
morte en 1997 et déclarée «bienheureuse» en 2003, un délai déjà
exceptionnellement bref.
ats/boi/tac
Béatification ou canonisation
Le cardinal Saraiva Martins doit se pencher dès mardi sur le dossier en béatification de Jean Paul II, qui comprend notamment l'histoire de la guérison de soeur Marie Simon-Pierre.
"Je suis guérie, c'est l'oeuvre de Dieu, par l'intercession de Jean Paul II", a déclaré vendredi la religieuse guérie du parkinson.
"C'est à l'Eglise de se prononcer et de reconnaître que c'est un miracle", a-t-elle cependant ajouté.
Tout procès en béatification doit comporter un miracle, c'est-à dire une guérison attribuée par l'Eglise catholique à l'intercession du défunt.
Il en faudra un deuxième pour la canonisation, c'est-à-dire la proclamation de sa sainteté.