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Manifestations en Cisjordanie occupée contre le projet d'annexion israélien

Des manifestants palestiniens face à des soldats israéliens, près du checkpoint militaire de Jabara, à Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie, le 5 juin 2020. [AFP/Anadolu Agency - Issam Rimawi]
Des manifestants palestiniens face à des soldats israéliens, près du checkpoint militaire de Jabara, à Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie, le 5 juin 2020. - [AFP/Anadolu Agency - Issam Rimawi]
Des Palestiniens manifestent vendredi dans plusieurs villes de Cisjordanie occupée pour protester contre le projet israélien d'annexion de pans de ce territoire, à moins d'un mois d'une échéance possiblement cruciale sur ce dossier brûlant.

A Tulkarem, dans le nord de la Cisjordanie, plusieurs dizaines de manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens et scandé des slogans contre la colonisation israélienne et le projet d'annexion.

L'armée israélienne a tiré des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes pour les empêcher de s'approcher d'un point de passage militaire.

"Cette marche montre notre rejet de tout projet de colonisation ou d'annexion. Ceci est notre terre et nous la défendrons avec tous les pouvoirs et l'énergie dont nous disposons", a affirmé Iyad Jarada, secrétaire général du parti Fatah à Tulkarem.

>> Ecouter "Israël s’accordera le droit d’annexer des pans entiers de la Cisjordanie occupée dès le 1er juillet":

Le mur de séparation entre Israël et la Cisjordanie dans la vallée de Crémisan. [Thomas Coex]Thomas Coex
Israël s’accordera le droit d’annexer des pans entiers de la Cisjordanie occupée dès le 1er juillet / La Matinale / 3 min. / le 1 juin 2020

Près de Tubas, toujours dans le nord de la Cisjordanie, un manifestant a été blessé à la tête par une balle en caoutchouc tirée par l'armée israélienne, selon le Croissant-Rouge palestinien.

Le plan de l'administration américaine pour le Proche-Orient

Des rassemblements ont également lieu à Naplouse et Qalqilyah (nord), à Ramallah (centre) et à Jéricho, dans la vallée du Jourdain qu'Israël souhaite annexer.

A Hébron (sud), quelques centaines de personnes se sont également rassemblées, scandant des slogans contre l'occupation israélienne mais aussi anti-américains.

Le nouveau gouvernement d'union israélien doit présenter à partir du 1er juillet sa stratégie pour mettre en œuvre le plan de l'administration américaine pour le Proche-Orient, qui prévoit l'annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies en Cisjordanie occupée (lire encadré).

Plus de 450'000 Israéliens vivent dans des colonies jugées illégales par le droit international en Cisjordanie, où vivent 2,7 millions de Palestiniens.

>> Lire à ce sujet : Washington ne considère plus les colonies israéliennes comme illégales

Les Palestiniens ont rejeté en bloc le plan américain qui prévoit aussi la création d'un Etat palestinien mais sur un territoire réduit et sans Jérusalem-Est pour capitale, contrairement à ce qu'ils souhaitent.

Le 53e anniversaire de la "Naksa"

Les manifestations coïncident avec l'anniversaire de ce que les Palestiniens appellent la "Naksa", la défaite de pays arabes lors de la guerre des Six Jours en 1967. Celle-ci avait provoqué le déplacement de centaines de milliers de Palestiniens et abouti à l'occupation par Israël de la bande de Gaza – dont il s'est retiré en 2005 –, de la Cisjordanie et de Jérusalem-Est.

"Cinquante-trois ans d'occupation israélienne aujourd'hui, y mettre fin est une responsabilité internationale", a écrit sur Twitter Saëb Erakat, le secrétaire général de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP)".

>> Ecouter "L'archive du jour – 5 juin 1967, le début de la guerre des Six Jours" :

Les panzers israéliens à l'issue de la guerre des Six Jours en 1967. [Keystone - STR]Keystone - STR
L'archive du jour - 5 juin 1967, le début de la guerre des Six Jours / L'archive du jour / 3 min. / le 5 juin 2020

Dans la bande de Gaza, quelques manifestants ont brandi des drapeaux palestiniens et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Nous récupérerons la terre", lors d'un rassemblement organisé par le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir dans l'enclave.

afp/sjaq

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Un "cauchemar" pour certains colons israéliens

"Si on devient une 'enclave' comme c'est prévu, ce sera un cauchemar", craint Efrat Dahan, mère de famille vivant dans une colonie juive, Otniel.

Le gouvernement d'union dirigé par Benjamin Netanyahu doit présenter à partir du 1er juillet sa stratégie pour mettre en œuvre le plan américain pour le Proche-Orient, qui prévoit l'annexion par Israël de la vallée du Jourdain et des colonies juives de Cisjordanie occupée.

Dans ces colonies, plusieurs se sont opposées au plan car il prévoit la création d'un Etat palestinien sur ce que certains colons considèrent comme des terres bibliques du peuple juif. Mais, au cours des dernières semaines, une nouvelle préoccupation a émergé chez les colons: le "mapping". La carte.

Si la majorité des quelque 130 colonies israéliennes forment une sorte de chapelet, reliées par la route dans des zones déjà sous contrôle militaire israélien, d'autres, comme Otniel, située au sud de Hébron, se retrouveraient isolées dans le futur Etat palestinien tel qu'envisagé par le plan américain.

Près d'une vingtaine de colonies sont concernées, selon Yochai Damri, le président du Conseil régional de Hébron.

Une troisième intifada?

Selon un sondage publié par l'Institut démocratique d'Israël, centre de recherche basé à Jérusalem, si 50% des Israéliens appuient le projet d'annexion, 58% pensent également qu'il pourrait mener à une troisième intifada – soulèvement palestinien –, après celles 1987-1993 et 2000-2005.

Ces jours-ci, à Jérusalem et dans les colonies, les yeux sont aussi tournés vers les Etats-Unis: une défaite de Donald Trump à la présidentielle de novembre pourrait saper le soutien américain au projet d'annexion d'où, selon des analystes, la courte fenêtre de tir d'environ six mois.