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Irak: colère 4 ans après la chute de Saddam

Des milliers de chiites ont déferlé sur la ville de Najaf
Des milliers de chiites ont déferlé sur la ville de Najaf
Des centaines de milliers de chiites ont répondu lundi à l'appel du mouvement du chef radical chiite Moqtada Sadr pour le 4e anniversaire de la chute de Saddam Hussein. Ils ont scandé «Non à l'Amérique!» à Nadjaf, au sud de Bagdad.

«Non, non non à l'Amérique. Oui, oui à la liberté», «Nous
mourrons mais n'abandonnerons pas», ont été les slogans les plus
criés par la foule dans la ville sainte chiite. Des drapeaux
américains ont également été brûlés alors que de nombreuses
banderoles portaient des slogans hostiles aux Etats-Unis et au
président américain Georges W. Bush comme «A bas Bush, A bas
l'Amérique».

«Quelle libération?»

«L'occupant dit que l'Irak a été libéré. Quelle libération? Il
n'y a que de la destruction. Nous ne voulons pas de leur
libération. Nous leurs disons de quitter notre terre», affirme
Ahmed al-Mayahie, 39 ans, venu de Bassorah (550 km au sud).



Pendant la manifestation, les organisateurs ont distribué un tract
sur lequel était écrit: «Ces quatre années d'occupation ne nous ont
rien apporté si ce n'est l'humiliation et les tracasseries
quotidiennes». «Nous demandons aux peuples américain et d'Europe,
qui aiment la paix et la liberté, de pousser leur gouvernement à
arrêter la torture et à faire cesser les massacres», conclut le
communiqué.

Sunnites aussi

Des mesures spéciales de sécurité avaient été prises par les
autorités en coordination avec le mouvement sadriste pour éviter
les attentats. Des religieux sunnites, invités par les chiites, se
trouvaient aux premiers rangs du rassemblement.



«Cette manifestation est un message d'amitié demandant à tous les
Irakiens de s'unir sur un thème, le départ des occupants. Il nous
faut être unis pour libérer notre terre», a affirmé depuis Bassorah
un des leaders du Parti Islamique irakien, principale formation
sunnite du pays, Abdoul Kadir al-Dayem.

Moqtada Sadr invisible

Moqtada Sadr lui-même, dont la présence était une des grandes
inconnues du rassemblement, n'est pas apparu. Selon l'armée
américaine, le leader, plus vu en public depuis plusieurs mois,
aurait trouvé refuge en Iran. Mais cette affirmation a été démentie
à la fois par le mouvement sadriste et par Téhéran.



Pour le Pentagone, la milice de Sadr est la plus grande menace
pour la paix actuellement en Irak. Féroce adversaire des
Américains, qu'il ne manque jamais de critiquer, Moqtada Sadr
compte six ministères au sein du gouvernement d'union nationale
avec lequel les Etats-Unis travaillent en permanence.



agences/tac/ant

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Au moins 60'000 civils tués en 4 ans

Bagdad, le 9 avril 2003: les images du déboulonnage de la statue de Saddam Hussein par les Américains faisaient le tour du monde, symbolisant la chute du régime. Quatre ans plus tard, elle est pour beaucoup d'Irakiens le symbole des violences qui ravagent le pays.

Fin mars, le président irakien Jalal Talabani s'est permis de critiquer l'occupation, sans toutefois citer les Américains: "La décision de transformer la libération de l'Irak en une occupation (...) tout cela est contraire à ce que les forces nationales et partis irakiens projetaient à l'époque", en 2003.

"Cela s'applique de la même manière à de nombreuses décisions (...) hâtives prises par l'administration civile de l'occupation sans prendre en compte le point de vue des Irakiens et leurs conséquences", a-t-il ajouté.

Aujourd'hui, même certains responsables américains conviennent qu'une des principales erreurs a été le démantèlement de l'armée et de l'administration "baassiste" (du nom du parti au pouvoir sous Saddam) qui a transformé du jour au lendemain des milliers de militaires et fonctionnaires en ennemis.

Le nombre de morts total est difficile à évaluer. Selon le site internet Iraq Body Count, quelque 60'674 civils sont morts depuis 2003. Et au moins 3280 soldats américains, 140 britanniques et 124 membres de la coalition ont péri.

Environ deux millions d'Irakiens ont fui l'Irak et 1,8 million sont des déplacés à l'intérieur de leur propre pays, selon le HCR. Un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.