Plusieurs milliers de personnes – plus de 2000 selon la police – ont manifesté contre le racisme dimanche à Lausanne. Des sit-in se sont tenus en différents endroits de la ville. Un cortège a sillonné le centre-ville et convergé vers le tribunal d'arrondissement.
Comme vendredi à Bienne, samedi à Bâle, Berne, Zurich ou Neuchâtel, les participants ont protesté contre la discrimination et la violence policière contre les personnes de couleur. Ces manifestations faisaient écho à la mort de l'Afro-Américain George Floyd à Minneapolis, étouffé sous le genou d'un policier blanc.
A Lausanne, dans toutes les bouches, on entendait le slogan "La vie des Noirs compte", "Black lives matter" ou "I can't breathe". Les manifestants, vêtus de noir, brandissaient des panneaux, en français ou en anglais: "Ma couleur n'est pas une menace", "Si vous n'êtes pas antiraciste, vous êtes complice" ou encore "La police suisse tue", pour n'en citer que quelques-uns.
Pas d'intervention policière
Réunis à Montbenon, devant le tribunal d'arrondissement, ils ont entonné "One love, one life" de Bob Marley. Puis ils ont mis un genou à terre, poing levé pour certains, et ont attendu en silence 8 minutes et 46 secondes, le temps de l'agonie de George Floyd.
La manifestation n'était pas autorisée, mais la police n'est pas intervenue. "C'est une question de proportionnalité. Avec un aussi grand nombre de manifestants, cela aurait été contreproductif", a expliqué un porte-parole. Le rassemblement s'est déroulé sans débordement, hormis quelques tags sur des véhicules et sur les murs de l'Hôtel de police. "Une plainte sera déposée", a précisé le porte-parole.
Foule dense aux Etats-Unis
Les manifestations suisses font écho à de nombreux rassemblements dans le monde. Une foule dense a envahi samedi les rues de Washington, aux abords de la Maison Blanche, du Capitole ou encore du mémorial de Lincoln. Plus d'une dizaine de collectifs, dont plusieurs formés spontanément sur les réseaux sociaux après la mort de George Floyd, avaient appelé à envahir les rues de la capitale.
Depuis la Maison Blanche, Donald Trump a tweeté que la foule avait été "beaucoup moins importante que prévu à Washington", après avoir de nouveau prôné un peu plus tôt "la loi et l'ordre".
Présente aux côtés des manifestants, la maire de Washington DC, Muriel Bowser, cible des tweets moqueurs du président américain, a jugé qu'il était temps de dire "Au suivant" en novembre, en référence à l'élection présidentielle prévue dans 150 jours.
La démocrate noire de 47 ans a par ailleurs fait changer le nom de la rue qui mène à la Maison Blanche à Washington DC: elle se nomme désormais "Black Lives Matter Plaza". De grandes lettres jaunes reprennent le slogan sur la rue-même, au sol.
A San Francisco, des milliers de manifestants ont défilé sur le fameux pont suspendu du Golden Gate, interrompant brièvement la circulation automobile.
Hommage à George Floyd dans l'intimité
Après une première cérémonie émouvante à Minneapolis jeudi, les proches de cet Afro-Américain de 46 ans, asphyxié par un policier blanc lors d'une interpellation, lui ont rendu un nouvel hommage samedi dans l'intimité familiale à Raeford, dans son Etat natal de Caroline du Nord. Ses obsèques sont prévues le 9 juin à Houston.
En prévision des nouvelles manifestations, le chef de la police de Seattle a annoncé l'interdiction du recours au gaz lacrymogène pour trente jours.
La police de Minneapolis a aussi annoncé vendredi qu'elle interdisait dorénavant les "prises d'étranglement", technique dangereuse notamment utilisée en 2014 à New York sur Eric Garner, autre homme noir décédé aux mains de la police.
Mobilisation partout dans le monde
Entraîné par une mobilisation massive sur les réseaux sociaux, le mouvement américain a fait tache d'huile...
De Bristol à Budapest en passant par Madrid et Rome, des dizaines de milliers d'Européens ont rejoint samedi et dimanche les manifestations contre le racisme.
Des milliers d'Espagnols et d'Italiens ont par exemple rejoint ce dimanche les manifestants qui dénoncent le racisme à travers le monde. Quelque 3000 personnes, selon la préfecture de Madrid, se sont rassemblées à la mi-journée devant l'ambassade des Etats-Unis à Madrid.
A Rome, une manifestation imprévue a réuni sur la vaste Piazza del Popolo des milliers de jeunes qui se sont agenouillés en silence, le poing levé, pendant 8 minutes. En se relevant, ils ont crié: "Je ne peux pas respirer".
A Bruxelles, près de 10'000 manifestants d'après la police, ont exprimé leur colère devant le palais de justice. "Le meurtre de George Floyd a visiblement réveillé beaucoup de gens", a souligné Ange Kaze, porte-parole du Belgian Network for Black Lives.
Des actes de vandalisme ont été commis après le rassemblement et la police a arrêté 150 personnes, a indiqué le maire de Bruxelles.
Un esclavagiste déboulonné à Bristol
Bravant l'interdiction des autorités, des milliers de Britanniques ont manifesté à Londres, pour la deuxième journée consécutive, mais aussi dans d'autres villes du Royaume-Uni, notamment à Bristol.
Dans cette ville du Sud-Ouest de l'Angleterre au passé esclavagiste, une statue du négrier Edward Colston a été déboulonnée puis piétinée par les manifestants une fois tombée au sol, selon des images de la BBC. La statue érigée en 1895 a ensuite été jetée dans le port de Bristol par la foule.
Agences/oang/vkiss/sjaq