Modifié

Une équipe de la RTS au cœur des violences policières à Minneapolis

Les explications de Gaspard Kühn dans Mise au Point
Les explications de Gaspard Kühn dans Mise au Point / L'actu en vidéo / 1 min. / le 7 juin 2020
Une équipe de télévision de la RTS réalisant un reportage à Minneapolis sur les manifestations contre le racisme et la violence policière a été prise entre deux feux par la police américaine. Bien que les reporters se soient clairement identifiés, plusieurs tirs de balles en caoutchouc sont passés proches d'eux.

De nombreux journalistes aux États-Unis subissent un sort similaire à celui des reporters suisses. Des centaines d'incidents de ce type ont déjà été signalés dans tout le pays.

L'événement impliquant l'équipe suisse s'est déroulé le samedi 30 mai à Minneapolis, peu après 20 heures. Les correspondants de télévision Gaspard Kühn de la RTS et Max Herber de la RSI, ainsi que leur cameraman, Jean-Pascal Azaïs, ont été pris en tenaille entre deux fronts de policiers, relate un article publié sur le site de SRF.

Balles en caoutchouc contre la presse

Voulant éviter de se retrouver dans une situation compliquée alors que les manifestants reculaient, Gaspard Kühn, 38 ans, le journaliste de la RTS, a montré sa carte de presse à la police, avec son confrère tessinois. Tous deux ont crié "Presse! Média!". Toutefois, "les policiers ont seulement répondu 'Reculez!'", a raconté Gaspard Kühn. Peu de temps après, la police leur a tiré dessus avec des balles en caoutchouc, dont certaines les ont frôlés. Mais ils n'ont pas été touchés et toute l'équipe se porte bien.

>> Voir le reportage de Mise au Point :

Floyd : Les Etats Désunis d’Amérique
Floyd : Les Etats Désunis d’Amérique / Mise au point / 15 min. / le 7 juin 2020

Des centaines d'incidents similaires

L'équipe de la télévision suisse n'a rien fait d'interdit. Les couvre-feux instaurés dans une quarantaine de villes américaines ne s'appliquent pas aux journalistes. Certes, cet événement pourrait passer pour une erreur. "C'était la cinquième nuit d'émeutes, les policiers étaient fatigués, tendus", raconte le journaliste dimanche soir à Mise au Point. Mais de nombreux représentants des médias ont vécu de pareils incidents sur tout le territoire américain, de Minneapolis à Los Angeles, en passant par New York ou Washington DC.

Sur Twitter l'U.S. Press Freedom Tracker a reçu plus de 250 rapports d'incidents en une semaine. Il est devenu risqué de rendre compte des manifestations pour les droits civils aux États-Unis. Les policiers attaquent et arrêtent des journalistes, comme ce fut même le cas pour un journaliste de CNN en plein direct. Des manifestants pacifiques sont également frappés et régulièrement aspergés de gaz lacrymogène.

Un phénomène jamais vu auparavant

L'organisation Reporters sans frontières parle d'un phénomène jamais vu auparavant aux États-Unis.

"Difficile de dire si les ordres sont venus d'en haut", admet Gaspard Kühn dans Mise au Point. "Mais l'accumulation de ce genre d'actes fait réfléchir à la place qu'on accorde à la presse dans ce pays où la liberté d'expression devrait être la règle."

"Mais nous devons continuer à faire des reportages sur le terrain", explique Gaspard Kühn: "Sur les opinions des manifestants et sur ce qui se passe avec la police. Si nous ne pouvons plus le faire, alors nous ne vivons plus dans une démocratie".

sjaq/vkiss

>> Ecouter aussi le sujet de Médialogues sur les journalistes ciblés par les forces de l'ordre américaines :

La presse a été prise à partie par les forces de l'ordre américaines dans le contexte des manifestations antiracistes liées à la mort de George Floyd à Minneapolis. [AFP - Elijah Nouvelage/Getty Images]AFP - Elijah Nouvelage/Getty Images
Quand les forces de lʹordre américaines ciblent les journalistes / Médialogues / 21 min. / le 6 juin 2020
Publié Modifié