L'an dernier, l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) s'est vu confier 1460 enquêtes par la justice, un chiffre en hausse de 23,7% par rapport à 2018, révèle son rapport annuel, alors que la polémique sur les violences policières bat son plein.
Selon la police des polices, cette hausse tient à la récurrence des manifestations, à la hausse des violences contre les forces de l'ordre entraînant des "ripostes nombreuses et plus fermes", mais aussi au choix des autorités judiciaires, en particulier à Paris, de confier à l'IGPN les plaintes relatives à l'usage de la force "quelle que soit la gravité des faits".
41% de plus qu'en 2018
Avec 310 dossiers en 2019, "le mouvement des gilets jaunes a entraîné une sur-sollicitation de l'Inspection générale de la police nationale", précise le rapport. En outre, sur les 1460 enquêtes judiciaires confiées l'année dernière à l'IGPN, 868 portent sur des "violences volontaires", un chiffre qui a bondi de 41% par rapport à 2018 (+256). Ces recours contestés à la force relèvent pour 38,8% d'interventions ou d'interpellations dans le cadre de manifestations, pour 12,8% de contrôles d'identité ou routiers et pour 14,1% d'"allégations de violences sur des personnes retenues".
"Ces saisines de l'autorité judiciaire ne constituent pas une présomption de faute des agents", a cependant signalé Brigitte Jullien, la directrice de l'IGPN, institution dont l'impartialité est régulièrement mise en cause. "Ce n'est pas parce qu'au détour d'affaires médiatiques, l'IGPN a rendu des conclusions qui ne vont pas dans le sens souhaité que nous sommes partiaux. Nous faisons notre travail en toute objectivité", s'est-elle défendue.
Sur les 399 dossiers "gilets jaunes" attribués à l'IGPN depuis le début du mouvement en novembre 2018, 130 concernent des blessures graves et 274 ont été transmis à la justice. "Aujourd'hui, une douzaine de policiers sont susceptibles de faire l'objet de poursuites judiciaires", a-t-elle détaillé.
"Améliorer la déontologie" des forces de l'ordre
Au coeur des polémiques sur le maintien de l'ordre, l'usage des lanceurs de balle de défense (Flash-Ball) et des grenades à main de désencerclement, accusées d'avoir blessé ou mutilé plusieurs manifestants, a chuté après avoir atteint des niveaux sans précédent en 2018. Leur usage reste cependant à des niveaux importants. "La médiatisation de certaines blessures et les réactions suscitées par l'utilisation des lanceurs de balle de défense ont vraisemblablement joué un rôle inhibiteur pour les forces de l'ordre", relève le rapport.
En janvier dernier, après la mort d'un livreur en scooter lors d'une interpellation, le président Emmanuel Macron avait demandé au ministère de l'Intérieur de faire, "dans les meilleurs délais, des propositions claires pour améliorer la déontologie, les éléments de contrôle" des forces de l'ordre.
>> Lire à ce sujet : Face aux violence policières, Emmanuel Macron veut renforcer "la déontologie"
afp/vic