«Lorsque nous avons été appréhendés par les Gardiens de la
révolution iraniens, nous étions à l'intérieur des eaux
territoriales irakiennes internationalement reconnues, et je peux
affirmer clairement que nous nous trouvions à 1,7 mille nautique
(3,15 kilomètres) des eaux territoriales iraniennes», a affirmé le
lieutenant Felix Carman, lors d'une conférence de presse avec cinq
de ses compagnons.
Selon lui, leur localisation était «continuellement» effectuée
grâce à des systèmes GPS et Xeres de navigation. Leur position
était confirmée par un hélicoptère britannique de surveillance et
par leur navire d'attache, la frégate Cornwall.
Pressions psychologiques
Au lendemain de leur capture, les militaires ont été transportés
par avion vers Téhéran puis jetés en prison. «Nous avions les yeux
bandés, nos mains étaient ligotées et nous avons été forcés de nous
placer face à un mur. Tout au cours de notre calvaire, nous avons
fait face à des pressions psychologiques constantes», a raconté le
lieutenant Carman.
«Nous étions interrogés la plupart des nuits, et placés devant
deux options. Si nous admettions avoir (pénétré dans les eaux
iraniennes), nous serions rapidement placés dans un avion pour le
Royaume-Uni. Si nous ne le faisions pas, nous faisions face à
jusqu'à sept ans de prison», a-t-il ajouté.
Outil de propagande
L'unique femme du groupe, Faye Turney, a quant à elle été isolée
et utilisée comme un outil de propagande par les autorités
iraniennes, ont-ils précisé. «Pendant quatre jours, ils lui ont dit
que l'on était tous rentrés et qu'elle était la seule toujours
là-bas».
Au cours de la première semaine de captivité, les Iraniens ont
diffusé une déclaration filmée et trois lettres attribuées à Faye
Turney. Elle y «reconnaissait» une intrusion dans les eaux
iraniennes, demandait le retrait des troupes britanniques d'Irak et
enfin disait avoir été «sacrifiée aux politiques américaine et
britannique».
Les 15 militaires étaient accusés par Téhéran d'avoir pénétré dans
les eaux territoriales iraniennes à l'embouchure du Chatt al Arab,
fleuve frontalier entre l'Iran et l'Irak, une thèse démentie par
Londres.
agences/tac/ant
Pas de négociation
Les militaires ont été libérés inopinément mercredi à Téhéran et rapatriés le lendemain à Londres avant d'être transférés sur la base de fusiliers-marins de Chivenor, dans le Devon (sud-ouest) où ils ont retrouvé leurs familles et ont subi une séance de «debriefing» sur les conditions de leur capture.
Le premier ministre britannique Tony Blair a réaffirmé vendredi que la libération des quinze marins était intervenue «sans transaction, sans négociation». Selon un diplomate occidental à Téhéran, Londres a donné un ultimatum aux Iraniens, en les avertissant qu'ils avaient 48h pour mettre un terme à la crise, faute de quoi la confrontation se durcirait de façon radicale».
Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait annoncé mercredi la libération des marins en la présentant comme un «cadeau» pour le peuple britannique. La crise a fait flamber les cours du pétrole avant d'être maîtrisée par la voie diplomatique.
Par ailleurs, Londres a suspendu ses opérations de contrôle des navires marchands dans le Golfe et réexamine les procédures jusque là en vigueur.
"Propagande", selon l'Iran
L'Iran a qualifié vendredi de "propagande" la conférence de presse des marins britanniques.
"Les actes de mise en scène et de propagande ne peuvent couvrir l'erreur des militaires britanniques concernant la violation des eaux territoriales de la République islamique", a déclaré Mohammad
Ali Hosseini, porte-parole du ministère des Affaires étrangères,
selon un fax reçu par l'AFP.